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Pack-de-Six le Gaillard, le "poète ivre du vide-ordure" comme on le surnommait parfois entraîna son jeune comparse à travers les rues de la capitale. Le cimetière du Père Lachaise n'est pas vraiment situé juste à côté de l'île de la Cité ou se trouve la célèbre cathédrale, mais malgré les apparences, même un garou comme Pack-de-Six un garou est capable d'aller vite, très vite quand il le veut. Ce dernier était content, il avait trouvé une louveteau qui n'était pas encore pourri par toutes les sacrosaintes ordonnances de la Nation Garou. Micka avait l'air un peu perdu, mais de la part de quelqu'un qui en est encore à découvrir sa véritable nature, il ne fallait pas en attendre plus.
Le cimetière était fermé à cette heure-ci, mais peu importait au Rongeur d'Os, il n'était pas là pour fleurir les tombes de ces aïeux. Pack-de-Six stationna devant la grille, il avait enfilé son épais manteau, les nuits commençaient à se faire fraîches.

" Ca doit être ici… "

Le garou, regarda à droite à gauche : le coin paraissait désert. Puis il siffla, comme pour signaler sa présence.

Micka tressaillit. Il détestait les cimetières. Depuis le premier jour où sa mère l'avait traîné sur la tombe de sa mère. La vraie. Pas qu'il trouvait les lieux lugubres ou des trucs comme ça. En fait, ce qui lui faisait peur c'était ce silence continuel. Pas un bruit. De temps en temps le crissement de pierre sous les gros godillots de vieilles veuves tout en noir. Puis, de nouveau le silence. Pas un silence du type "Chut, vous êtes dans une bibliothèque ici, monsieur". Non, un silence impérieux qui n'avait pas besoin d'un garde chiourme au chignon et aux lunettes sévères pour se faire respecter. Voilà, c'était ça ! Il venait de toucher quelque chose. Oui, oui, comme si les cimetières étaient des êtres. Pas comme vous ou comme moi, mais des espèces d'esprits lourds et impérieux. Enfin, pas vraiment des esprits, hein. Non, plutôt des…

- Ca doit être ici.

Il sursauta. Il avait perdu le fil de sa pensée. Il en fut soulagé.
Son compagnon siffla. A un moment donné, des personnes comme eux surgiraient d’on-ne sait-où. Il en fut presque intimidé. Presque. Il gonfla le torse.

Le bruit des pas sur le gravier qui recouvre les allés du cimetière ne tarda pas à se faire entendre, puis celui du cadenas de la lourde grille que l’on ouvre.

"Oui voilà j’arrive…ah vraiment, vous pouvez pas vous empêcher de débarquer sans prévenir…"

C’était une voix fluette, une voix de petite fille à qui on ne donnait pas plus de douze ou treize ans. La porte s’ouvrit, la personne sortit du cimetière et de son ombre pour enfin se révéler. Il s’agissait bien d’une jeune fille. Ses vêtements étaient simples, mais avec sa tête de poupée et ses nattes blondes on avait envie de lui faire porter une des ses robes de petite princesse.

" Enfin, bonsoir quand même, vous… toi !!! Qu’est ce que tu fabriques ici ? je t’avais pourtant bien dis de ne jamais remettre les pieds ici ! "

Elle avait prononcé ces paroles pleines de surprise et de reproche en reconnaissant Pack-de-Six. Lequel s’efforçait de garder son calme alors qu’il se faisait littéralement engueuler par une gamine qui devait avoir à peine plus du tiers de son âge.

-

" Crie pas comme ça tu vas rameuter tout le quartier… je viens pas pour moi, c’est pour lui. "

Affichant un sourire gêné, le Rongeur d’Os se décala pour laisser apparaître Micka, toujours derrière lui.

" Je te présente…heu… Micka le Colosse-aux-dents-qui-broient. Micka je te présente Cassandra ma petite cousine par alliance, au second degré du côté de ma belle-mère, c’est compliqué. Enfin c’est ma cousine quoi… On est une grande famille hé !"

Micka ne comprenait pas vraiment pourquoi il perdait son temps avec une moins de 16 ans et pourquoi Pack-De-Six était aussi révérencieux avec la moutarde. Aussi s’insinua t’il tout naturellement dans la conversation des deux quidams.

- Dis, petite, elle est pas là ta grande soe…

Mais fut rapidement interrompu par Pack-De-Six qui avait ignoré ses paroles :

- Je te présente…heu… Micka le Colosse-aux-dents-qui-broient. Micka je te présente Cassandra ma petite cousine par alliance, au second degré du côté de ma belle-mère, c’est compliqué. Enfin c’est ma cousine quoi… On est une grande famille hé !

Etait-ce le fait qu’il ignorait que la petite était le chef, qu’il avait failli faire une gaffe ou qu’un Loup garou pouvait avoir un arbre généalogique qui prolongea le silence du jeune homme plus que de raison ? Nul ne le saurait jamais. D’autant plus qu’il oublia vite pour s’approcher de la jeune fille et se pencher vers elle :

- Heu, ouais, enchanté… Mademoiselle. Je suis venue pour affaire. Enfin, pas vraiment pour affaire. Genre, y’a mon chef qui cherche des armes et compagnie. Pour garnir son armurerie. Pack-De-Six m’a dit que vous pourriez p’têt’ faire quelque chose… Ou vos parents. Enfin quelqu’un quoi…

Il eut grande peine à ne pas la tutoyer.

Cassandra sourit, visiblement amusée de la gêne de Micka. Montée sur ses talons, elle lança un regard dédaigneux à Pack-de-Six avant d’adresser la parole au louveteau.

" Mes parents sont les gardiens du Cimetière, j’habite dans la maison au bout du mur d’enceinte. Par contre je n’ai pas de grande sœur… Excuse-moi si j’ai pu te surprendre tout à l’heure mais je n’avais pas particulièrement envie de revoir ce colabo’ alcoolique devant ma porte. Mais bon si c’est pour toi c’est différent, entre je t’en prie. Je pense avoir ce que tu cherches. "

La gamine ouvrit plus largement la grille du cimetière et invita le jeune Rongeur d’Os à la suivre à l’intérieur.

" Pack, je te laisse entrer mais c’est seulement pour l’accompagner. Micka à ta place je me méfierai de ce gaillard, il traîne avec des gens peu recommandables et ça déteint sur lui… "

" Je te trouves bien gonflée de dire ça petite, la dernière fois… "

" Tais-toi tu m’énerve et tu pues l’alcool en plus, tu as dû inciter ce pauvre garçon à bourrer la gueule en ta triste compagnie, je me trompe. "

La jeune fille lança un clin d’œil complice à Micka, alors que Pack-de-Six préféra ne pas renchérir et avancer sans rien dire. Il chuchota juste à l’attention de Micka :

" Si tu demandes pourquoi elle peut se permettre de me parler sur ce ton, je te répondrai que c’est parce qu’elle est Parente… "

*Trop cool, pensa Micka. Trop facile. J’aurais cru devoir au moins me battre dans une arène avec des monstres boursouflés, un bras dans le dos, pour avoir ce que je veux. *

Ravi, Il emboîta donc le pas de la charmante et très très sympathique cousine de Pack-de-Six. Il avait de plus en plus hâte d’en finir maintenant. Il rêvait d’une bonne douche. Et de vêtements, bien entendu. De vrais vêtements, s’entend.
Puis il fut pris d’un doute ? Quelles armes devait-il ramener ? Il ignorait totalement ce qu’utilisait un garou pour se battre. Certes, il avait vu une ou deux armes tranchantes dans l’armurerie de Minos. Cependant, il les avait trouvé fondamentalement moyenâgeuses et peu pratiques. En même temps, ce qu’il considérait comme pratique avait un canon, une gâchette, de la poudre et ne supposait pas un corps à corps dont il ignorait à peu près tout. La dame devait savoir. Mais, faudrait-il payer ? Le type avec lequel il avait rendez-vous avait peut-être déjà tout arranger avec Minos. Il ne lui restait en somme que la livraison à faire. Bon, nous verrions bien.
Quand Pack-de-Six lui parla, il ne compris pas vraiment ce que voulait dire son compagnon.

- Et alors ? Parente, parente… T’ai quand même son aîné non ? chuchota-t’il pour ne pas se faire entendre de Cassandra.

Des épées, des haches touts droit sorties d’un film de chevalerie. Des vêtements, des objets étranges, des grigris qui ne semblaient pas avoir leur place dans ce fatras. Tout ça se trouvait dans la petite maisonnette dans laquelle Cassandra avait mené ses deux visiteurs.

Sur le chemin Pack-de-Six avait brièvement expliqué à Micka ce que sont les parents : des humains qui portent la marque des garous mais dont le caractère ne s’est pas déclaré. Il constitue de se fait des alliés de choix, connaissant tout des garous tout en étant que rarement soupçonnés de leur complicité par leurs ennemies. De plus les parents étaient des reproducteurs de choix lorsqu’il s’agissait de s’assurer une descendance qui avait de grande chance de naître garou.

" Bon et bien je crois que tout y est. Je sais pas trop ce que vous comptez faire de tout ça mais il y a de quoi entretenir toute une armée pour plusieurs guerres. Tu diras à Minos que j’ai même réussi à lui trouver quelques fétiches. Bon maintenant passons à la partie la plus amusante, tu sais ce qu’il te reste à faire pour ramener ce trésor… "

Micka se rendait de nouveau compte que le monde des lupins était encore plus compliqué qu’il ne le pensait. Entre ces histoires de meutes, de races et maintenant de parenté, il commençait à trouver ça un peu compliqué. Et encore ignorait-il ce qui se passait chez l’ennemi. Parce que là, franchement, il aurait bien vite abandonné. Des Brujah, des Ventrues, des générations, des Princes, etc. Pas que le monde vampirique est plus compliqué. Juste que les vampires s’arrangent pour qu’il le devienne. Mais pour l’instant tout ceci est hors sujet. Il s’agissait juste pour le moment de se raccrocher à l’idée que les loups-garous ne donnaient pas toujours des loups-garous mais qu’on les gardait pour donner d’autres loups-garous. Un peu comme Harry Potter, finit-il par penser. Ouf, il avait trouvé une issue satisfaisante à sa réflexion.
La jeune-fille lui fit faire un tour dans le bric-à-brac.

- Bon et bien je crois que tout y est. Je sais pas trop ce que vous comptez faire de tout ça mais il y a de quoi entretenir toute une armée pour plusieurs guerres. Tu diras à Minos que j’ai même réussi à lui trouver quelques fétiches. Bon maintenant passons à la partie la plus amusante, tu sais ce qu’il te reste à faire pour ramener ce trésor…

Il se gratta la tête. Oui, là, il avait un problème. Comment transporter tout ce fatras ? Il souleva une arme très tranchante sans vraiment savoir par quel bout la prendre. Elle était lourde, la garce ! Il la redéposa. Il s’imagina quelques instants prendre un grand baluchon, y mettre un maximum de choses, se transformer en méga loup comme Minos et jouer au Loup-Noël dans les rues de Paris. Mouais, pas bonne idée, ça. Il décida donc d’utiliser ce qu’il avait. Il se retourna donc vers Pack-De-Six et lui lança :

- Hé, Pack ! Tu m’trouves une caisse et moi je te donne des shoes. On fait comme ça ?

"Hé! Minute papillon je parlais de la part du marché que tu dois accomplir pour te permettre d'emporter tout ça. On est dans le même camp mais ne vas pas t'imaginer que ça ne m'a rien coûté de rassembler tout ce matos..."

La gamine qui faisait une tête de moins que les deux garous les regardaient dans les yeux d'un air ferme. Malgré son jeune âge elle était tout sauf dupe et ne comptait pas se faire avoir.

"On a une bande de casseurs qui vient de promener parfois la nuit dans le cimetière. Ils viennent faire un bonjour à Jim Morrison, et s'amusent ensuite à foutre le bordel. C'est pas bien méchant mais mes parents et moi on aimerait dormir tranquillement parfois, et ne plus avoir à réparer leurs conneries le lendemain matin..."

Cassandra jeta un regard complice à Pack-de-Six et alla chercher une paire de rangers, un peu usées. Elle les déposa aux pieds de Micka.

"Je te serai reconnaissante de bien vouloir les faire dégager. N'y va pas trop fort non plus, c'est juste une bande de minables je présume. Mais il faudrait que tu leur fiche suffisamment la trouille pour qu'ils n'aient plus envie de traîner ici la nuit.... Tu vois le topo ?"

- Les faire dégager ? Vous avez pas de chiens de gar…

Ha, oui. Etait-il bête. Pas besoin de chien de garde quand on en avait un sous la main. Micka, n’avait pas vraiment imaginé que sa première mission aurait été si… exotique. Le ménage, les courses et finalement chien de garde d’un cimetière.

- Et ben…

Il pris les chaussures des mains de la jeune fille. Après tout, si on devait passer par là, pourquoi pas. Mais il en connaissait un qui avait intérêt à être super sympa quand il reviendrait au Caern. Parce qu’on voulait bien rendre service aux armées de loups contre la société et pour la défense du monde de la nature libre et tutti quanti mais, bon, y’avait des limites : pas marqué la poste, là !
Il réalisa tout à coup qu’il devrait certainement se transformer en loup. Sa première fois. Enfin, sa première fois sobre et en toute connaissance de cause. La petite boulle d’angoisse propre aux premières fois vint se lover au fond de sa gorge. Comment serait-il ? Bien, pas bien ? Impressionnant ? Ou plutôt petit gabarit ? Fallait-il prendre des précautions ? Enlever ses chaussures ? Les garder ? Pourrait-il assurer ? Que de questions, que de questions… Il secoua la tête gardant cet émoi pour le bon moment et repris en direction de la gamine :

- Bon, bé, ok alors… dit-il blasé. S’il suffit juste de faire "Bouh"... et pas plus, hein ! Faut juste me dire où et quand.

Puis changeant d’interlocuteur :

- Hé, Pack ! Tu restes avec moi ton super nouveau pote et j’te réserve un bon pack de bières. On fait comme ça ?

Un petit sourire en coin se dessina sur le visage de Cassandra.

" Ce serait trop facile, sinon j’aurai déjà demandé un coup de main à cet ivrogne… il sait ouvrir sa gueule quand on lui demande pas. Mais dès qu’il s’agit de jouer son rôle de garou protecteur, monsieur part se cacher au fond de sa canette. "

S’en était trop pour le Rongeur d’Os, il n’était pas d’habitude à s’énerver mais il supportait plus d’être sans cesse rabaissé par cette gamine impétueuse. Marre qu’on le prenne pour un vulgaire alcolo, marre que Cassandra prenne des airs de duchesse parce que les parents sont quelque chose de rare et précieux, marre qu’on traite les fils de Rat comme des sous merde.
Pack-de-Six, car c’était quand même son nom, poussa un grognement bestial et emboîta le pas à Micka.

" Allez viens on va s’occuper de ça, et après tu pourras avoir les joujous. Et non merci pour la bière. "

Cassandra de son côté semblait ravie de son petit effet.

Micka se retourna pour attendre Pack. Ben, mon vieux, quel caractère elle avait la petite. Bon, ben y’avait plus qu’à attendre. Ha oui, juste un truc à faire quand même…

- Heu… Pack, tu m’excuses, faut que je trouve des toilettes.

Il s’enfuit sans attendre la réponse de son ami. En allant de droite à gauche, puis de gauche à droite, et il fini par trouver des toilettes. Il entra dans une cabine de toilettes défoncées et nauséabondes. Il n’avait pas vraiment le choix mais il devait essayer. Genre, pour tester. Il ferma les yeux puis se concentra. Il devait savoir si c’était facile ou pas. Et se fut très facile. En tout cas beaucoup plus facile qu’il ne l’espérait. Il ne voulait pas aller au bout. Il voulait juste savoir ce qu’il fallait faire pour se transformer. Or, se rendit-il compte, il ne s’agissait pas tellement de transformation d’homme en loup et de loup en l’homme avec pousse de muscles, dents, griffes et poils dans d’affreuses souffrances comme les vieux films en noir et blanc qu’il avait dû subir, petit, aux côtés de ses deux vieux. En fait, on pourrait plus subtilement parler de déclenchement. Un déclenchement au sein de l’esprit. Un truc dingue logé dans le cerveau, que l’on sait exister mais dont on n’a jamais pu découvrir la nature réelle. Un truc qui fait qu’un corps passe d’un état à un autre comme de un gaz devenant eau, ou eau devenant glace. La même matière, pas la même forme. Micka n’aurait certes pas pu l’expliquer vraiment en ces termes. Il pensait plutôt à de la pâte à modeler à vrai dire. Mais l’idée était là. Il « voyait » ce qu’il pourrait être. Il en frémit d’avance.
Il n’alla pas au bout de sa transformation. A peine grandit-il et vit-il ses canines s’allonger un peu. Il revint en arrière lentement, prenant son temps pour bien intégrer les sensations qu’il éprouvait. Il souffla, impressionné. Il sortie du lieu d’aisance en sifflotant. Il avait appris un truc super bizarre. Il avait un peu compris ce qu’il était. Pas entièrement. Mais il s’avait que les prochaines semaines seraient riches en enseignement.
Il rejoignit Pack et lui lança :

- Allez, go, allons faire peur aux déterreurs de cadavre !

Cela manquait d'éclairs bruyants et de pluie glacée mais la phrase tomba plutôt à pic se dit-il.

" D’accord !"

Pack-de-Six sentait une nouvelle détermination chez Micka. Et à vrai dire cela le rassurait un peu, il bien se demandait quel genre de coup fourré Cassandra pouvait leur préparer. Elle était diabolique cette gamine. A coup sûr il ne s’agirait pas de simples zonards qui venaient passer du temps dans un cimetière parce qu’ils disent y aimer l’ambiance.

Les Rongeurs d’Os entreprirent d’arpenter les longues allées bordés d’arbre de l’immense cimetière parisien qui réunissait un nombre incroyable de sépultures, contenant pour certaines des célébrités qui assuraient celle des lieux. A ce propos le cimetière du Père Lachaise était devenu un lieu de pèlerinage pour toute sortes d’adorateurs soit de Balzac, la Callas ou Jim Morrison. Mais là encore Pack-de-Six ce doutait qu’ils puisse s’agir de telles personnes.
Enfin toujours était-il que pour l’instant il n’y avait pas un chat dans ce cimetière.

" Alors ça va, tu t’y fais jeune garou ? "

Il s’assit négligemment sur une tombe bien trop fleuri à son goût. Et trop bleu aussi. Le visage rosâtre d’une bonne femme d’une quarantaine, fixée dans une photo plaquée sur le marbre, souriait. Il aurait pensé avant cette vision que le mauvais goût s’appliquait uniquement aux apparts, vêtements et voitures. Il se demanda fugacement comment avait été habillée la morte.

- Comment que j’vais ?

Bonne question, tiens.

- Franchement, entre nous mec, je trouve que je le prends plutôt très très bien. Car, faut vraiment avoir la positive attitude, comme disait l’autre pétasse de chanteuse. Y’a à peine 48 heures, j’apprends que je vais me distinguer toute ma vie de la masse grouillante parce que je suis un peu plus poilu qu’un bon nombre de personne. Que je tiens du chien. Que y’a plus important que mon boulot chez Mc Gros, les potes et le prochain épisode de Lost. Non, non super cool attitude. S’il n’y avait que ça. Une base secrète dans des grottes, une vieille qui explique des trucs que je comprends pas et… plus de bière.

Il soupira.

- Chui content de te connaître mon gars. Mais j’avoue que pour le coup, ça sent un peu cette histoire de garou. J’veux dire, elle est tordue cette histoire. On est les gardiens de la terre, de la nature et tutti quanti. Bon, ok, j’veux bien. Mais ça veut dire quoi si c’est pas un peu fun ?

Il pensa néanmoins à ce qu’il avait cru éprouver en découvrant sa transformation la veille et en testant l’animal qui était en lui tout à l'heure. Non, ce côté là était assez fun, quand même. Bref…

- Bref, Moi on peut dire que ça va. Mais je crois qu’il me faudra me pauser genre une journée pour bien réaliser ce qu’il m’arrive, ce que ça implique et tout et tout.

Il en sursauta presque. Ca alors, il venait de prendre la décision de ne plus se laisser porter par la vague. Of, il ne s’agissait pas de remonter à contre-courant. Juste, d’agripper une branche où deux, façon de voir. En toute relativité, c’était plutôt un énorme bouleversement dans le cheminement intellectuel du jeune homme. Il avait besoin de réfléchir. Ouille, tressaillement !

- Non, moi finalement, ce qui me chiffonne un peu dans cette histoire, c’est plutôt ce truc sur nos ennemis. J’ai pas tout tout compris, j’avoue. Mais je m’dis, que si y’a des méchants quelque part, c’est évident qu’on est les plus forts, hein ?... Non ?

Pack s'était posé sur la pierre tombale d'à côté. Non pas qu'il n'ai pas de respect pour les morts mais il ne se voyait pas s'asseoir par terre. Et puis, qui est-ce que ça dérangeait ? Il gardait cependant yeux et oreilles en alerte, au cas où quelque chose venait à se produire.
Les interrogations le laissaient quelque peu perplexe, certes les garous étaient forts, peut être même les êtres - physiquement - les plus puissants que cette terre ait portée, mais ils avaient en effet de nombreux ennemis et la situation n'était pas vraiment reluisante. Le Rongeur d'Os poussa un soupir et prit un air embêté.

"Les plus forts... je sais pas. On est fort c'est vrai. J'ai croisé des vampires et c'est vrai qu’ils ne font pas vraiment le poids face à nous en combat direct. Le problème c'est que c'est pas en combat direct qu'on doit forcément les combattre. Et puis ils sont nombreux, alors que nous ne sommes qu'une poignée... Sans compter toutes les saloperies chimiques qui nous rongent... et les traîtres de la Spirale Noire... Pfff..."

Pack-de-Six poussa un nouveau soupir. Le fait d'exposer ainsi la situation ne laissait que peu de place à l'espoir, et il ne voulait pas effrayer le gamin. Après tout les garous étaient toujours là, alors rien n'était perdu. Enfin c'était ce qu'il préférait penser.


Pack remarqua alors plusieurs lueurs rougeoyantes qui devaient se trouver à l'autre bout du cimetière. On les distinguait parfaitement dans la nuit noire. Le garou se leva et murmura à Micka:

"On poursuivra la conversation plus tard, j'ai comme l'impression que nos invités sont là..."

Des mouvements plus loin avaient attiré l’attention de Pack-de-Six alors que Micka réfléchissait encore aux paroles de son aîné. La perspective d’être le plus puissant de cette terre l’excitait énormément. Il avait choisi de ne pas tenir compte des quelques réserves de Pack quant au mal que pouvaient leur faire par ailleurs leurs ennemis. Savoir qu’il pouvait les plier en moins de deux lui octroyait une délectable satisfaction. Savoir qu’on avait des pouvoirs étaient une chose. Mais savoir que l’on faisait parti des plus costauds en était une autre. Un sourire béat et un frottement des mains imperceptibles marquèrent ses pensées. Ha, comme ça il n’avait été considérer que comme un moins que rien ! Et bien les choses avaient changé maintenant. Désormais, il se tenait tout au dessus des autres. Il faudrait juste le leur rappeler.
La voix de Pack le surpris dans ces réflexions :

- On poursuivra la conversation plus tard, j'ai comme l'impression que nos invités sont là...

Il se leva et scruta le voisinage. Il aperçu quelques lumières rouges. Tiens, qu’est-ce que ça pouvait être ? Bon, il était temps d’agir. Il déclencha donc sa transformation en se laissant encvahir par la sensation qu'il venait de tester.
Il senti que ces os se déformaient. Etait-ce douloureux ? Il n’aurait su le déterminer. Cela lui parut si facile qu’il en eu un ok. De la bouche, l’air expulsé se transforma en sons gutturaux. Bouche qui commençait – il le devinait – à se déformer, s’étirer, se garnir de dents longues et tranchantes. Il regarda ses mains. Celles-ci grossissaient à vu d’œil. Leurs ongles noircissaient et s’allongeaient démesurément. Il prenait un trip d’enfer. Soudain son esprit pragmatique pris sa conscience d’assaut.

- Merde, mes groles et mon falzar ! crus t’il dire.

Pas question de se retrouver à poil comme la dernière fois. Il fit sauter ses chaussures et essaya d’ouvrir les boutons de sa chemise le plus vite possible. Avec ses doigts bien trop gros et ses ongles bien trop longs, il ne réussit qu’à faire sauter les deux premiers boutons. Cela lui permit tout de même de la faire passer par-dessus la tête. Il s’attaqua au pantalon bien plus rempli désormais que ce matin. Cette opération fut la plus compliquée. Ses pattes étaient devenues totalement inutiles désormais : plus de pouces opposables, constata t’il plutôt froidement. Mais son corps, qui avait pris de la masse, sembla se rétrécir, entrant dans une autre phase de transformation. Mon dieu, il se transformait complètement ! Il fini par se rendre compte que tout était fini quand le pantalon s’affaissa de lui-même et qu’il se découvrit à quatre pattes, une toison entre le blond et le gris comme seule protection. Il haletait. Il reniflait. Il voyait différemment. Il ressentait différemment. Il était devenu un chien. Non, un loup, un loup, bordel de merde ! Un énorme animal avec des dents démesurées et une musculature prodigieuse. Le trip total.
Il regarda Pack, bien plus grand que lui désormais, ne sachant trop quoi faire, dire ou ressentir. Il craint d’être emporté par le changement que lui offraient ses sens désormais décuplés. Se concentrer sur le but qui l’avait emmener à se métamorphoser, oui il fallait faire cela !
Un grognement plus tard, il s’élançait vers les lumières, sentant des muscles aussi durs que du béton jouer sous sa fourrure.

"Hééééé ! Tu nous fais quoi là gamin ?!"

Pack avait vu Micka changer subitement de forme pour devenir un impressionnant crinos, fort, rapide, puissant, mais pas vraiment discret. Puis il s'était comme dégonflé pour se transformer en une forme sans doute plus approprié à la tache qu’on venait de leur confier, celle du lupus. Ce qui chez les Rongeurs d'Os avait parfois plus l'air d'un gros chien voire d'un chacal, mais dans cette tribu il est bien connu que l'apparence est un souci de dernier ordre tant que les objectifs sont atteints.
Et les objectifs risquaient d'être rapidement atteints si le Louveteau se montrait aussi motivé pour la bagarre que pour le reste. Pack-de-Six préférait resté pour le moment sous sa forme originelle d'homid ascendant clodo.
Ainsi (de loin) ils avait presque l'air d'un agent de la brigade cynophile et de son berger allemand, et se dirigèrent rapidement en direction des lueurs suspectes.

Une fois sur place il y avait effectivement trois individus... louches. Encagoulé dans des toges sombres, autour d'une stèle sur laquelle ils avaient disposé plusieurs bougies. Vraisemblablement absorbés par le charabia qu'ils prononçaient en choeur et à voix basse, ils ne semblaient pas avoir remarqué la présence des deux garous.
Pack-de-Six lança un regard perplexe à son compagnon à quatre pattes.

[désolé pour le gros retard, tout est ralenti en ce moment et il a fallu que je m'arrange avec un autre conteur pour jouer les méchants]

[Note à moi-même : toujours clairement donner le nom d'une forme au lieu de la décrire succintement. En l'occurence, Pack-de-Six est en Glabro, pas en Crinos (sinon, tu verrais le carnage !)]

Micka pensait juste, ses adversaires étaient en train de remballer leurs affaires avant de prendre la fuite. Et l'acharnement des Garous semblaient donner des ailes ! Le Ragabash parvint à saisir dans sa gueule le sac du troisième homme, testant ainsi l'éfficacité de ses mâchoire qui forcèrent l'encagoulé à laissé là les bougies et la besace pour fuir avec la plaque de pierre dans ses bras, la serrant comme un bébé qu'il voudrait protéger des crocs menaçants des guerriers de Mère Nature.

Se laissant aller un petit instant, le Loup-Garou malmena le sac pendant que Pack malmenait le dernier fauteur de troubles. Après un ultime coup de pied (du reste, semblant plutôt puissant) dans le train, les inconnus partirent en courant, sous les injures et les canettes vides lancées par le Galliard. Le calme revint et Pack-de-Six s'assit sur une tombe, reprennant forme humaine et soupirant.

" Pfiou ! Voilà, c'est fait et comme ça, cette sale gosse ne pourra pas dire que je n'ai rien fais ! "

Il tritura son sac, sans doute en quête d'une boisson alcoolisée.

" Meeerde ! J'ai explosé mes dernières canettes en leur tapant dessus ! Meeerde... "

Il se mit à tordre son sac pour récupérer un maximum de gouttes du breuvage magique nommé " Carapils ".

" Pfff... Bon, tant pis pour ma bière ! Faich'... on a plus qu'à aller chercher tes Fétiches je crois. Tu passes devant ? "

En tant ( pour le moment) que Lupus, Micka pouvait sentir que son comparse était plus stressé qu'il n'en donnait l'impression.

C’est fou comme ses nouvelles capacités avaient rendus Micka plus intelligent. Non, pas plus intelligent. Le mot est bien trop fort, peut-être même inapproprié. En tout cas connoté. Disons simplement que cette ouverture au monde que lui conférait son état de lupus avait révélé une fonction quelque peu inactive de sa personne : sa sensibilité. Car si l’on mesure son intelligence à sa capacité à calculer 30 X 60 : 0.285, il est une intelligence que nous appellerons « empathie » qui a également son importance. Or, l’empathie se calcule – si je puis dire – par notre aptitude à voir et analyser l’entourage. Certes, notre jeune loup ne pouvait se targuer d’être un analyste de pointe. Par contre, l’intensification de ses sens avait fait monter en flèche ses dispositions à constater. Ce qui chez lui n’était déjà pas si mal. En tout cas, il remarqua bien des signes d’inquiétude chez son ami.
Aussi, lorsqu’il rebroussa chemin vers ses habits, cogita-t’il quelques instants sur les raisons qui pourraient rendre son nouvel ami soucieux.
Il se concentra quelques instants et entama sa transformation en humain. Ce fut extrêmement plus facile qu’il ne l’espérait. En enfilant son pantalon, il dit :

- Bon, on prend le nécessaire et on se tire d’ici. J’t’ai dit que je détestais les cimetières ? Plus vite je foutrais l’ camp, mieux j’serais. On va direct voir ta cousine, ensuite je nous fais payer des bières par le gros qui m’a dit de venir ici.

Tout en reprenant la direction de la baraque de la cousine, il tenta une approche :

- Y’a un truc qui te défrise dans toute cette histoire ?

[Désolé de t'avoir littéralement abandonné, ça ne se reproduira plus ! Tiens, s'il n'est pas dans mon profil, tu peux me MP pour avoir mon mail, je j'autorise à me harceler si je prends, à l'avenir, un peu trop de temps pour te répondre !]

Toute la partie concernant la "douce" cousine de Pack-de-Six avait été étrange, et même amusante, pour Micka : d'un côté, il y avait un Loup-Garou désireux de régler cet échange en quatrième vitesse afin de pouvoir échapper aux sarcasmes d'une Parente, de l'autre, il y avait la-dite Parente qui déployait des trésors d'imagination pour prolonger le dialogue et pouvoir, ainsi, se moquer de son aîné. La jeune fille semblait presque prête à proposer aux Garous d'entrer boire un thé mais le Galliard avait une certaine maîtrise des mots qui permit aux Rongeurs d'Os de quitter le cimetière sans emporter autre chose qu'un vieux sac de sport au contenu cliquetant et tintant. Vibrant même, comme s'il était remplit de petits animaux agités... mais les "vibrations" n'étaient pas exactement physiques, en fait, c'était une impression qui parvenait, comme étouffée et amoindrie, à Micka. Comme s'il ressentait la sensation au travers d'une combinaison en caoutchouc épais depuis "ailleurs". Quelques fois, les vibrations étaient remplacées par un bref babillage.

Sur un trottoir de Paris, la conversation entre les Lycanthropes reprit. Pack fit la moue avant de répondre, faisant tourner sa bouteille de bière dans sa main (obtenue après un court passage dans une épicerie aux étagères branlantes).

" Ben... t'as bien dû sentir qu'un truc était louche chez les types qu'on a chassé, nan ? Premièrement, je les ai tout de suite trouvés vachement téméraires pour des humains... je l'sais parce que, quand j'étais Louveteau, ça m'arrivait d'effrayer les p'tits couples en train de batifoler le soir, j'me f'sais passer pour un gros chien errant... hé ! Ils abandonnaient presque toujours leur pique-nique ! Une super-astuce pour gratter un r'pas. Retiens-là, ça pourrait te servir... Ouais, enfin, sinon, y avait autre chose aussi... ce qu'ils marmonnaient, les gestes qu'ils ont fait... c'était chelou, hein ? 'fin bref... j'vais t'dire une chose : méfie-toi des humains qui ont un look comme ça, des fois, c'est pas juste des illuminés... y en a qui sont moins humain que les autres... "

Au détour d'un croisement, Pack-de-Six s'arrêta et regarda en direction d'un petit groupe de ce qui ressemblait au croisement de Hippies avec des Rastas. Il donna sa bouteille et le fond qu'elle contenait à Micka.

" Ecoute, c'est sympa ta proposition pour la bière au Caern mais... j'ai d'autres priorités cette nuit ! "

Il affichait un sourire révélateur quant à ses intentions et son regard rivé sur une jeune femme du groupe un peu plus loin ne permettait au Ronge-les-Os aucuns doutes. Pack-de-Six s'éloigna en faisant un joyeux signe de la main à son cadet, le laissant retourner à Fontainebleau...

[Tu peux directement poster au Caern !]