Les aventuriers de l'alpha perdue

[ Suite de Looking for Maeve ]

Rêveur des Prairies avait répondu à la question de Pierre: il n'y avait pas moyen de savoir a priori quel était son totem, sauf aide de celui-ci. Bizarrement, Pierre n'était pas plus pressé que ça de savoir qui était son esprit protecteur, si cela signifiati se mettre dans une situation requerrant son intervention. Au moins, Rêveur des Prairies donnait unconseil qui semblait plein de bon sens: se montrer sous son meilleur jour. Ca permettrait d'avoir un totem content, et de toutes façons ça évite de se faire des ennemis dans les gens qu'on croise.

Le groupe se dirigeait dans la direction de la ville qui se faisait de plus en plus proche. Et Pierre se sentait envahi par une sensation de malaise grandissante. Comme si la ville se montrait moins acceuillante qu'avant. De toutes façons, les personnes que le groupe hétérogène croisait les suivaient du regard quand ils ne pressaient pas le pas pour s'éloigner le plus vite possible d'eux. Pierre se concentrait sur son flair -car désormais il pouvait appeler son odorat comme ça-, essayant de trouver ce qui pourrait être une trace de Maeve.

Rêveur semblait complètement ignorer - ou plutôt ne pas remarquer - les regards des gens quand le groupe passait près d'eux, tout absorbé qu'il était à chercher l'odeur de Maeve dans l'air. Heureusement pour lui, il avait pris un tee-shirt suffisament large pour qu'il n'ait pas à se soucier de dissimuler son arme car dans le cas où il aurait dû rapidement la cacher... Il ne se serait probablement pas rendu compte que son revolver était apparent.

Le Théurge essayait d'écouter les éventuels murmures des esprits de la ville, même s'il savait que dans leur grande majorité, ils n'étaient rien d'autre que des serviteurs du Tisserand, complètement lobotomisés et dangereux, arachnéens et... Enfin bref, c'étaient des monstres quoi. Ce n'était pas simple de ne pas se les mettre à dos... S'en faire des alliés, Nick n'y pensait même pas.

- Il faut faire attention, la ville n'est pas notre domaine et elle n'est pas très chaleureuse.

Il se retint d'ajouter "et pas très belle" de peur de froisser la-dite ville.

Admin Nombre de messages : 162 Date d'inscription : 28/08/2006

La trace de Maeve était tenue et dure à suivre, mais pourtant elle existait bien. La jeune fianna avait du courir sans se retourner et vers un but très précis, bien que pour l’instant rien ne permettait à ses deux compagnons de meute de le deviner.
Le tandem continua sa route pendant quelques instants avant que des croassements ne se fassent entendre aux oreilles sensibles du théurge. Relevant la tête, il put apercevoir quelques esprits corbeaux…

- Ooooh !

Rêveur, ayant brusquement levé la tête vers le ciel, plaça sa main en visière au-dessus de ses yeux pour observer le vol des esprits, sûrement des serviteurs de Tonnerre... Bien qu'il puisse s'agir de simples corbeaux et non pas de... Ah ! Il n'avait que le terme anglais rapporté par sa grand-mère ! Des Storm Crows, les oiseaux de la tempête qui obéissait à Grand-Père Tonnerre. En tout cas, esprits corbeaux ordinaires ou pas, ils étaient jolis !

Le Théurge se tourna vers son compagnon.

- Dis, tu n'aurais pas du pain sur toi ? Un vieux sandwich dans une poche, non ? Des graines peut-être ? Un peu de tournesol, quelque chose comme ça... T'aurais du pain gris, ce serait super !

Il était fort possible que le Philodox ne comprenne pas ce que son ami pouvait bien vouloir faire avec un morceau de pain mais Rêveur-des-Prairies n'imaginait pas une seule seconde qu'on puisse ne pas se dire qu'il savait ce qu'il faisait : il était Cliath !

*Tiens, le shaman veut nourrir les pigeons maintenant? Ou plutôt les corbeaux...*
Le jeune fils de Fenris n'avait jusque là rien remarqué, mais il avait aperçu les volatiles quand son compagnon avait levé le nez. Pourquoi nourir des corbeaux? Le louveteau ne cherchait psa trop à le comprendre exactement. Probablement un autre truc cérémoniel comme avant de partir. Néanmoins, Pierre était arrivé au camp presque nu, autant dire qu'il n'avait pas de pain. D'autant que depuis quelques jours il n'était plus intéressé que par la viande.
-Désolé, je n'ai rien dans le genre. Je suis un peu arrivé là sans rien sur moi, c'est déjà un miracle que j'aie des habits sur le dos. Les corbeaux ont quelquechose à voir avec ton totem?

Peut-être inconsciement, peut-être juste comme ça pour le fun, Rêveur se métamorphosa, revenant à sa forme d'Homidé. Le jeune homme affichait toujours ses traits caucaso-amérindiens, bien que son visage tenait beaucoup plus de ses ancêtres apaches que des colons anglais dont était issu son paternel. Le plus bizarre toutefois devait être son regard et ce que Pierre pouvait y voir : pas grand-chose de net. Le Théurge posa une main sur l'épaule de son camarade, le fixant d'un air grave, comme s'il allait lui annoncer que le Ver lui-même allait surgir de la rue à côté d'eux et qu'il faudrait être fort et mourir honorablement pour Gaïa...

- C'est dommage... Je suis sûr qu'ils auraient aimé du bon pain comme chiminage. Du bon pain complet, tu vois ? Celui avec les graines dedans, qu'est grisâtre... Mon préféré ! Enfin, tant pis, je vais...

Une nouvelle expression passa comme un éclair dans les yeux du shaman, qui fourra sa main dans sa sacoche empestant le tabac, le renfermé, la beuh et... Et un tas de choses malsaines. C'était la sacoche d'un sorcier, quoi. Nick sortit de son sac un petit sachet en papier, du type de celui dans lequel on glisse les croissants dans les boulangeries, et l'ouvrit en grand avant d'y plonger son regard comme s'il s'agissait d'un puit obscur.

- Génial ! J'ai ce qu'il me faut finalement !

Semblant se rappeler subitement quelque chose, le métis lança :

- Ah, oui, les corbeaux sont liés à Tonnerre.

Sans plus attendre, le Garou se tourna de nouveau vers les oiseaux, prenant une poignée du contenu du sachet : des miettes de pâtisseries diverses, plus ou moins sèchées. Il y avait même un peu de sucre glace. Toujours aussi fermé à la Tellurie, Rêveur-des-Prairies tendit sa main garnie de bonnes miettes - un peu vieilles, certes, mais toujours bonnes à manger - en direction des esprits corbeaux.

- Bonjour, amis corbeaux, pourrais-je vous demander un peu d'aide ? Le loup que je suis a besoin de savoir ce qu'on vu vos yeux...

Admin Nombre de messages : 162 Date d'inscription : 28/08/2006

Les corbeaux décollèrent de leur branchage et s'en vinrent tournoyer autour des deux garous. Ils n'étaient pas plus d'une demie-douzaine, et leurs yeux particulièrement brillants indiquaient qu'ils n'étaient pas tout à fait de ce monde. Un vent plus frais semblait les accompagner, un vent au goût métallique, comme celui d'une hache de bataille ayant récemment servi.

Après quelques tours, ils se jetèrent en piquet un à un sur les graines tenus par le jeune Theurge. Ce fut ensuite une série de croassement, une discussion interne au groupe qu'un coup de tonnerre arrêta; le corbeau qui semblait être le chef du groupe se placa face aux deux Garous.

" Nous avons vu votre soeur, mais nous ne saurions vous indiquer par où elle est partie. " Sa voix semblait venir de loin, de très loin; mais était tout autant audible par le Wendigo que par son camarade Fils de Fenris.

La pupille fixe de l'esprit se tourna vers celui-ci. Une lueur torve y brillait.
" Sais-tu ce que l'on doit faire à un chien enragé ?"

C'était bien la première fois que le Fils de Fenris entendait un corbeau faire autrechose que pousser un cri désagréable. Mais après être devenu ce qu'il était devenu, Pierre réagit certainement moins brutalement que s'il avait été témoin de cette scène quelques jours plus tôt.

La question du volatile sentait le piège à 20 km. Cette impression, Pierre la devait surtout au regard franchement malsain du volatile -qui après tout, appartenait à une espèce à la réputation tout aussi glauque-. Mais aussi, parceque finalement, il était bien plus proche du chien qu'il ne l'aurait cru. Et quelques spécimens rencontrés au camp avaient bien tout d'enragés. Mais il fallait bien répondre.

"Ca dépend bien sûr de quelle "rage" on parle. S'il s'agit de la maladie, qui est incurable, il est d'en l'intérêt de tout le monde d'achever le chien. Cela l'empêchera de transmettre son mal, tout en achevant ses souffrances. Par contre, si par "enragé" vous entendez quelquechose comme "rendu fou furieux", c'est-à-dire s'il y a un espoir de guérison, je serais bien plus modéré. L'excès de violence est une chose à craindre, et pour moi se montrer hâtif et... définitif dans le traitement à administrer, c'est faire preuve du même genre de maladie."

Bon, après réflexion, Pierre ne savait plus trop lui-même ce qu'il avait voulu dire par là. Enfin si, mais il ne savait pas si le message était passé. Tout ce qu'il voulait dire, c'est que si on lui demandait de manière voil"e comment traiter quelqu'un qui avait pété un plomb, il fallait d'abord voir s'il n'y avait pas moyen de traiter le problème de manière civilisée avant de recourir à la force. Mais bon, l'expression n'avait jamais été un point remarquablement fort chez le louveteau...

Admin Nombre de messages : 162 Date d'inscription : 28/08/2006

Le corbeau, aussi étrange que celui puisse paraître, renifla. Il sembla considérer un instant la réponse de Pierre et la peser par rapport à ses propres attentes. Puis un nouveau coup de tonnerre fendit le silence et les autres corbeaux s'envolèrent en jacassant.

Leur chef sembla, tout aussi étrangement, sourire.
" C'est bien une réponse de Philodox ! Tu n'as jamais entendu parler de Descartes ni de Spinoza, petit ? Tant pis... Celle que vous cherchez va au devant de pas mal d'ennui et vous devriez vous hâter. Ses adversaires sont déjà morts, cherchez donc de par leur demeure."

Et dans un dernier croassement triomphant, il disparut...

De mieux en mieux. Le corbeau était non parlait, mais en plus était philosophe. Et avait là-dessus une connaissance plus importante que le garou. Mais bon, Pierre n'avait jamais été très enclin à étudier la philo. Il préférait se faire sa propre idée des choses avec son expérience, si petite fût-elle.
Par contre, la dernière remarque du corbeau parut étrange à Pierre. Si les adversaire de l'alpha étaient déjà morts, comment pourraient-ils lui poser problème? A moins que... Pierre refusa l'hypothèse qui se forma dans son esprit. Puis finit par l'envisager sérieusement, après tout il était bien un loup-garou. Est-ce qu'elle allait devoir se farcir des hordes de zombies, comme dans les séries Z, ou devoir affronter Dracula, ou même la créature du Dr Frankenstein? Les choses les plus bizarres commençaient à sembler naturelles pour le louveteau. Maintenant, il fallait trouver où pourrait bien se terrer un truc dans ce genre. Forcément un endroit glauque

"Heuu merci du renseignement? Dis-moi Rêveur, il nous dit quand même pas d'aller fouiller les catacombes quand même? Il y en a pour des kilomètres!"

- Aucune idée, je ne savais déjà pas que certains esprits connaissaient Descartes, c'est fascinant... Toutefois, si nous devons rejoindre Maeve par les catacombes, je pense que nous pourrons trouver d'autres guides. Taupe, Chauve-Souris... Mais si les adversaires de notre alpha sont déjà morts, ils ne devraient pas plutôt se trouver au Père Lachaise ?

C'était vraiment la misère. Et avec tout ça, Rêveur avait perdu la piste qu'il suivait du nez. Mais cet esprit avait voulu qu'on lui cite Descartes ! Incroyable ! Un esprit intéressé par les choses du monde matériel. Peut-être essayait-il, comme le Wendigo, de comprendre les habitants du monde voisin du sien afin de pouvoir mieux interragir avec eux ?

- Je suis shaman mais mon domaine, ce sont les airs et les vents, et le seul lien que mes affinités ont avec la mort sont liées au froid. Hum, je pourrais essayer d'obtenir une direction générale en utilisant le tee-shirt de Brise-de-Feu.

Aussitôt évoqué, aussitôt sorti de la besace. Le tee-shirt. Accompagné d'une pincée de cendres que Nick déposa sur le vêtement chiffoné avant de le lever au-dessus de lui, espérant qu'un coup de vent emporte les cendres dans une direction. Le jeune homme s'était mis à prier dans un anglais au fort accent américain, demandant aux esprits du vent de lui montrer le chemin à suivre pour sauver sa soeur Garou. Le tout sans se soucier des passants.

Admin Nombre de messages : 162 Date d'inscription : 28/08/2006

Que les prières shamaniques de Nick ait fait de l'effet ou que le hasard seul y soit pour quelque chose, une légère brise au goût étrangement salé emporta les cendres vers un des immeubles avoisinants et plus particulièrement vers une bouche d'égout...
Quoi qu'ils décident, il était pour les garous d'avancer, car les regards méfiants des passants s'accentuaient à leur égard; encore cinq minutes et les petits enfants allaient les montrer du doigt.

- Allons-y !

Rêveur-des-Prairires, une fois le présage obtenu, n'attendit pas une seconde avant de rejoindre la plaque d'égoût, de revêtir sa forme Glabro et de soulever la plaque qui obturait l'accés aux souterrains. Il déposa la plaque à côté du trou puis se pencha au-dessus de ce dernier pour renifler l'air qui en sortait. Le Théurge fit signe à Pierre de descendre.

- Descends le premier, je remettrai la plaque sur le trou en passant.

Le Garou semblait plus grave et sérieux que d'habitude. Du moins semblait-il sérieux vis-à-vis de quelque chose de concret malgré le fait que ce sentiment n'était pas, lui, concret. C'était du feeling, une impression.

Bon, Pierre venait de se rendre compte dans un coin reculé de ce qui lui servait de cerveau qu'ils devaient avoir l'air louches, à discuter avec des corbeaux et faire voler de la poussière. Un peu comme ces clochards à moitié (ou complètement) cinglés qu'on peut croiser parfois. Et franchement, la dernière chose que voulait le garou en ce moment, c'était bien attirer l'attention. Surtout celle de la police.

Sur ce, l'espèce de rituel du shaman avait l'air d'être terminé. Il se dirigeait vers une bouche d'égout. On irait donc probablement dans les catacombes, comme le cragnait le Philodoxe. Il ne savait pas pourquoi, mais l'idée d'aller dans ces lieux lui causait un frisson dans l'échine. Probablement un sentiment primal de quitter son territoire pour entrer dans celui d'autres. Encore plus qu'en rentrant simplement en ville, ce qui était déjà assez désagréable.

Déjà, Rêveur était en train de soulever la plaque d'égoût. Et là, c'était à Pierre de rêver, son compagonn avait visiblement changé de forme. Pas spécialement judicieux vu l'attention qu'ils s'étaient déjà attirés en philosophant avec des volatiles. Et visiblement, le shaman était aussi peu enhanté que le philodoxe d'entrer dans les souterrains.

-J'arrive!

Pierre se dirigea vers la bouche d'égoût et commença à y rentrer. Au moment où il était à oitié rentré dans l'orifice, il fit à voix basse une remarque à son compagnon:
- Je sais que parler aux corbeaux peut être sympa, mais s'il te plaît, essaie d'éviter de changer de forme dans la rue, je sais pas pour toi, mais je préfère ne pas attirer l'attention ici.

Le louveteau rentra finalement dans les égoûts. Là, il essaya pour la première fois de changer volontairement de forme, afin de passer en glabro. Instinctivement, le garou savait que dans un lieu plutôt obscur, et où il ne risquait pas de tomber sur une foule, la forme humaine n'était pas idéale.

Admin Nombre de messages : 162 Date d'inscription : 28/08/2006

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