Werewolf : l'héritage
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 Des Crocs et du Sang

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MessageSujet: Des Crocs et du Sang   Des Crocs et du Sang EmptyVen 21 Juil - 19:29

[Comme votre ami le Conteur s'en va prendre des vacances bien méritées au bord de la mer (yahooo!) il ne sera pas là pendant une semaine. Veuillez l'en excuser, je met cependant un point d'honneur à vous répondre à tous avant de partir demain matin.
Et en prime, puisque certain on demandé à ce que soit ouvert un espace pour poster leurs oeuvres, je vous laisse un petit cadeau au passage. Bien sûr aujourd'hui le point le plus aboutis de la passion qui me lie au monde des loups-garous est ce forum. Mais au commencement, il y avait une histoire (une saga en 3 volumes pour être exact) que j'ai commencé à rédiger il y a environ 4ans. Je vous la livre donc, (avec une certaine émotion, personne ne l'a encore jamais lue) et même si ça date un peu vous y retrouverez sûrement des points communs avec le jeu d'aujourd'hui (quelques personnages entre autre), en le relisant je vois aussi qu'il y a des trucs qui collent pas, mais bon...
Bonne lecture à ceux que ça interersse.]


Des Crocs et du Sang I

Dans la chambre d’un petit garçon, une vieille femme est assise sur le lit de son petit-fils, un livre dans les mains Le Petit Chaperon Rouge. Elle vient d’achever la lecture du conte :
- Le chasseur ouvrit le ventre du loup et en fit sortir le petit chaperon rouge et sa mère-grand…
- Et le loup mamie ? Il lui arrive quoi après ?
- Et bien le loup est mort, il était méchant.
- C’est nul ! Plus tard quand je serai grand j’écrirai une histoire où le loup sera le héros !
- D’accord mon chéri… allez il faut dormir maintenant.
Elle retient un léger rire avant d’embrasser tendrement l’enfant et éteint la lumière. Théo, six ans, sait déjà que le loup n’est pas un animal comme les autres. Mais il ne sait pas tout…heureusement…

Treize ans plus tard, Théo a bien grandi. Elève dans une université après avoir décroché de justesse son baccalauréat, il est le stéréotype du post-adolescent qui ne sait pas quoi faire de sa vie. Vivant toujours chez des parents, il ne comprend d’ailleurs pas que ceux-ci n’aient pas encore divorcé malgré leurs disputes quotidiennes. Il ne comprend pas grand chose Théo, ce n’est pas qu’il soit bête mais disons qu’il a décidé de ne pas trop se poser de questions sur le monde qui l’entoure. Un monde qui à la fois l’amuse et le dépasse par son incohérence. Quelques copains, peu d’aventures sentimentales, peu de centres d’intérêt ; Théo n’est pas malheureux pour autant, il semble mépriser la société du haut de la fenêtre de son appartement d’un quartier tranquille de la banlieue parisienne, en compagnie de sa seule véritable amie, Ebène : une vieille labrador noire. Et ses études socio-économiques ne sont pour lui qu’un « passe-temps obligatoire ».

- Eh ! Tu viens à la soirée de Marissa dans deux semaines ?
- Marissa ? Bof… on verra…
- Allez viens ! Je vais me sentir seul sinon !
- Ah parce que t’es invité toi ?
Théo regarda alors son interlocuteur, un regard mêlé de compassion et de mépris. L’autre réagi, un peu gêné sans doute.
- Ben non mais je me suis dit que si tu y allais, je pourrai t’accompagner…
Celui qui venait de parler c’était Benoît. Un pote du lycée, ou plutôt le genre de gars qui vous colle aux basques à longueur de journée parce que vous êtes le seul à pas avoir eu le courage de lui avouer qu’il vous tape sérieusement sur le système. Mais au moins ça faisait une personne à qui dire bonjour le matin ; et le Benoît, lui, semblait ravi de pouvoir parler à quelqu’un sans craindre de se faire frapper à chaque fois qu’il ouvrait la bouche. Douce symbiose.
Benoît continua de déblatérer sans que Théo n’y prête une grande attention. Il finit par s’éloigner en ajoutant.
- Ouais, d’accord… peut être, enfin si tu veux…
Avant d’entrer dans la salle où devait avoir lieu le cours de géographie, Théo prit une grande inspiration comme pour se préparer à affronter les méfaits de la mondialisation et la montée des ventes de poupées Barbie en Arabie Saoudite avec lesquels on allait lui rabâcher les oreilles pendant une heure. Mais c’était la dernière heure de la journée, il fallait tenir bon.

« Je marche parmi eux, tel un saumon qui remonte de courant. Ce n’est pas difficile mais il ne faut pas penser, se laisser emporter par la masse sans opposer de résistance. Si l’on réfléchit on prend conscience de l’absurdité de son état, on panique et on se noie. Sans que personne n’y fasse attention, s’ils s’arrêtent eux aussi c’est la mort qui les attend. Je vis pour vivre, il n’y a rien de mieux à faire. Pour l’instant… »

Il devait être aux alentours de vingt-deux heures et Théodore fuyait le duel verbal auquel s’adonnaient régulièrement ses géniteurs en promenant Ebène dans les allées du bois de Vincennes. La chienne furetait tranquillement de tronc d’arbre en tronc d’arbre, le jeune homme marchait quelques mètres devant. Quand soudain ce dernier entendit un bruit sourd suivi d’un petit cri, Théo se retourna Ebène avait disparu et à sa place il y avait une masse sombre et massive qui semblait s’affairer. Il s’approcha de la chose qu’il distinguait à présent plus clairement dans l’obscurité boisée. On aurait dit un ours, la bête ne semblait pas s’occuper de la présence du jeune homme et continuait à…dévorer la pauvre chienne ! A la fois horrifié et fasciné par la créature Théo contemplait la scène sans pouvoir ni bouger ni emmètre le moindre son. Il remarqua alors de profondes plaies sur le corps de la chose et, plus étonnant encore, celles-ci se refermaient à vue d’œil au fur et à mesure que la chienne était ingérée. Réalisant enfin le danger Théo décida de prendre ses jambes à son cou pour ne pas se faire dévorer. Il en fut incapable, à peine avait-il tourné les talons qu’une violente douleur à l’épaule le reteint. Sa clavicule droite se trouvait à présent coincée entre les énormes canines du loup. Oui c’était cela, un loup, un énorme loup se tenant sur ses pattes arrières. Le corps tout entier du jeune criait sa douleur mais aucun son ne sortait de sa gorge. L’énorme mâchoire se desserra finalement, laissant à son prisonnier le choix de la fuite. Ce qu’il fit sans attendre après avoir semblé entendre dans un grognement : « merci ».
Tout raconter à ses parents ? Impossible on le prendrait pour un fou. Pourtant les faits étaient là : Ebène n’était plus qu’une carcasse et son épaule mordue était en sang. En même temps qu’il courait vers son domicile, Théo tentait de faire le tri dans son esprit à propos de ce qui s’était passé et surtout sur ce qu’il allait se passer. Il se demandait comment il pourrait bien expliquer que sa chienne avait disparu car malgré le fait qu’elle s’était repu de sa meilleure amie, Théo n’arrivait pas à en vouloir à la créature; et dire la vérité sur les évènements passés assurait de mettre tous les curieux en quête d’aventures surnaturelles à ses trousses. La bête le fascinait et hantait ses pensées, « quel animal fantastique ! puissant, agile…un loup bipède… » , il se remémora sa blessure à l’épaule et là stupeur, elle semblait déjà avoir cicatrisée. Il ne restait qu’un peu de sang séché et de drôles de points noirâtres aux endroits où les crocs s’étaient enfoncés.
Finalement Théo décida de raconter que son animal de compagnie avait pris la fuite soudainement et qu’il n’avait pas réussi à le rattraper… Ses parents prirent un air désolé mais au fond le sort de la chienne vieillissante ne leur importait plus depuis de nombreuses années. Cette nuit là Théo dormit très mal, il fit des rêves étranges, violents, tout lui semblait rouge, des scènes étranges défilaient furtivement devant ses yeux, la fièvre montait, il sentait ses muscles se contracter, ses os se tordre, il revit Ebène, il se vit la tuer, il se vit lui, des cris, des visages inquiétants, des crocs et du sang.

« … nous sommes les enfants de Gaïa, la Terre. Elle nous a créés pour se défendre contre deux des forces qui régissent l’univers, le Ver…corrompu…le Tisserand…le stagnant…Fous ! La troisième force, le Fauve… seule qui soit encore fidèle à son rôle originel… fournit le feu qui brûle dans le cœur des Garous… »

- Garou ?
Le lendemain pourtant rien ne semblait avoir changer, toujours le même climat désagréable à la maison. Théo jeta à nouveau un œil à sa blessure, les marques noires étaient toujours là. Il était déterminé à retrouver l’étrange bête de la veille et décida de sacrifier une journée de cours à ses recherches. « De toute façon pour ce que j’y fais… » se dit-il.
Quand il retourna sur les lieux de l’incident, le jeune homme ne trouva rien, comme s’il ne s’était rien passé. Ou plutôt comme si on avait prit soin d’effacer toute trace. Ce qui intriguait le plus Théo c’était le mot qu’il était persuadé d’avoir distinguer au milieu des grognements de l’animal, « merci ». Merci ? Merci pour quoi ? Pour l’avoir débarrassé de son chien ?
Pendant des jours Théo, chercha, essaya de comprendre, en vain. Il n’avançait pas et dormait toujours aussi mal, ses cauchemars se faisaient de plus en plus précis. Il y voyait des visages étranges, des lieux qu’il n’avait jamais vus mais qu’il semblait connaître comme sa poche, et surtout, d’autres créatures plus ou moins semblables à celle rencontrée il y avait maintenant presque une semaine. Mais le rêve se faisait de plus en plus entraînant. Théo était grisé par ses visions et chaque fois il s’y sentait plus fort, rapide, puissant. Il se voyait courant dans les bois, devenir une bête à son tour, tuer et y prendre plaisir. Se réveillant chaque matin avec le goût métallique du sang dans la bouche.
Théo reprit ses activités classiques d’étudiant, résigné, finalement cette rencontre nocturne n’avait pas changé sa vie tant que ça. Dans le vestiaire du gymnase après sa séance de sport hebdomadaire, il se retrouva seul pour se changer, les autres étaient déjà partis. C’est à ce moment que passa un vieil employé municipal affecté à l’entretien des douches, il jeta un rapide coup d’œil sur le jeune homme torse nu et remarqua les marques noires sur son épaule :
- Vilaine morsure, c’est un chien qui t’a fait ça ?
Théo fit semblant de ne pas entendre et enfila son T-shirt machinalement, le vieux renchérit :
- Hé gamin ! les chiens de cette taille mieux vaut ne pas les chercher, en revanche s’ils veulent te voir, ils te trouveront…
- Qu’est ce qui vous fait croire que je les cherche ?
- J’en ferai autant après ce qui t’es arrivé.
Intrigué, Théo considéra le vieil employé qui prenait à présent des airs malicieux.
- T’as l’air fatigué petit, nuit agitée ? Disons que je peux peut-être t’aider à trouver une réponse… Si ça t’intéresse je finis mon service à dix-huit heures.
Sur ce, il laissa Théo seul dans le vestiaire, perplexe.
- Attendez !
Pas de réponse, l’étrange bonhomme s’était comme évaporé.

Comme prévu, Théo attendit à la sortie du gymnase à l’heure donnée par le vieil homme. En ce mois d’octobre la nuit tombe vite et il faisait déjà sombre dans les petites rues du quartier. Théo ne savait trop ce qu’il espérait véritablement de cet entretien, et une fois de plus il se sentait dépassé par les événements. L’employé montra enfin sont nez et souri à la vue du garçon.
- Je vois que tu as décidé de me faire confiance.
- Je ne vous fais rien du tout !
- Hé hé ! Comme tu voudras. Allons dans le bois veux-tu, nous y serons plus à l’aise pour causer.
- Pour causer de quoi ?
Le vieux ne répondit pas et, contraint, Théo le suivi silencieusement, ne cessant de se demander dans quoi il s’embarquait. Surtout que le bonhomme lui inspirait tout sauf confiance. Le garçon ayant finalement décidé de ne réagir que si la situation ne devenait que vraiment délicate , ils arrivèrent jusqu’à l’orée du bois, de l’autre coté de l’avenue principale.
- Où était-ce déjà ? Ah oui ! Par-là…Voyons si ce que tu cherches est dans le coin…
C’est ainsi que les deux hommes retournèrent sur les lieux de l’étrange rencontre. Théo de plus en plus perplexe et énervé par le mutisme du vieil employé s’écria :
- Comment vous savez ce qui c’est passé ici ?!
Théo remarqua alors sur le sol une trace, une empreinte de pas, une empreinte de patte de chien, ou de loup. Il se pencha pour l’examiner de plus près, il était certain qu’elle n’était pas là la dernière fois qu’il était venu inspecter les lieux. Quand il se retourna pour interroger le vieil homme, ce dernier avait une fois de plus disparu. Théo senti un souffle chaud dans sa nuque, suivi d’un léger grognement. La bête était à nouveau là, celle de l’autre soir, celle de ses rêves. Partagé entre la peur, l’excitation et le désir de savoir, il resta immobile en attendant que la créature agisse la première. Elle finit par s’exprimer d’une voix gutturale :
- Tu vois, pas la peine de le chercher, le gros chien t’a trouvé.


Dernière édition par le Sam 29 Juil - 20:49, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Des Crocs et du Sang   Des Crocs et du Sang EmptyVen 21 Juil - 19:34

Deux silhouettes avançaient d’un pas rapide de plus en plus profondément dans les bois. Théo n’aurai jamais cru que ce qu’il qualifiait de « petit carré de verdure » puisse se révéler aussi dense, et piquant ! Les ronces avaient eus raison depuis longtemps de son pantalon, tandis que devant lui le vieux frayait son chemin avec une agilité déconcertante. Il avait repris forme humaine et guidait le jeune garçon dans l’obscurité.
- Un loup-garou ? C’est donc ça que vous êtes ? Dingue…
Théo ne savait pas trop quoi dire, il était encore estomaqué par les révélations du mystérieux employé municipal. Ce dernier lui avait expliqué que lorsqu’il l’avait vu l’autre soir, il était blessé et avait besoin de manger pour se régénérer. Pas de chance pour la pauvre Ebène.
- Bah ! T’inquiètes pas, elle est simplement retournée à Gaïa.
- A qui ?!
- Tu comprendras bientôt…
Le vieux avait proposé à Théo de le suivre dans les bois. Selon lui, à présent qu’il avait été mordu, le jeune homme devait révéler, faire naître sa « nouvelle nature ». Poussé par l’excitation, ce dernier avait accepté sans trop réfléchir et il suivait à présent un homme qui galopait littéralement vers un lieu inconnu, en pleine nuit, et avec un flot de questions qui se bousculaient dans sa tête.
- Hé ! Attendez ! Je sais même pas comment vous vous appelez !
- Duncan, mais avance plus vite sinon on y sera jamais.
- Mais où ?! Et puis c’est quoi ces cauchemars que je fais en ce moment ?
- Ce ne sont pas des cauchemars, mais des souvenirs, ceux de l’être qui t’a mordu. En l’occurrence moi. Attention la tête !
Une branche fouetta le visage de Théo, il n’était pas parvenu à l’éviter, mais la marque rouge sur sa joue disparu presque instantanément.
- Et qui sont ceux qui vous ont blessé comme ça l’autre soir ?
- Tu le sauras bien assez tôt. Allez dépêche-toi !
Théo se tût et continua à marcher dans les pas de Duncan du plus rapidement qu’il le pouvait.

« …dans la nuit des temps, les Garous étaient les rois de la Terre… exerçant un droit de vie et de mort sur tous les autres habitants de la planète… hommes, esprits ou animaux. Toutefois, leur nature particulière les obligeait déjà à rester proches des leurs cousins humains ou lupins, pour pouvoir se reproduire… de génération en génération. Pendant longtemps, les plus puissants et durs des Garous firent régner l’Impergium… un contrôle strict et sans pitié de la population humaine… contrainte de ne pas dépasser un certain effectif pour ne pas mettre en danger Gaïa. Petit à petit, cette pratique a disparu… devant l’opposition d’un grand nombre de Garous refusant de se considérer comme des créatures supérieures, et désireux d’accompagner l’homme vers un futur de progrès. La fin de l’Impergium a coïncidé avec le développement de l’écriture… et le début des temps historiques. Toutefois, la mémoire des hommes est encore aujourd’hui marquée par la terreur qui avait régné jusqu’alors… »

Au bout de quelques minutes de marche, les deux hommes arrivèrent à la lisière d’une large clairière. C’était le début de l’automne et le sol était jonché de feuilles mortes. L’endroit avait beau être désert on pouvait sentir des présences qui les observaient. Partout autour des yeux scrutaient chacun de leurs pas. Il ne faisait pas chaud non plus, mais cette fraîcheur était des plus agréable, tout comme le murmure la brise qui courait dans les hautes branches. C’est cet instant à la beauté inquiétante et glacée que la sonnerie polyphonique du téléphone de Théo choisi de briser. Le jeune homme eut à peine le temps de saisir le minuscule mais bruyant objet que Duncan s’en empara et le réduit en miettes entre ses doigts (sûrement quelques parents qui s’inquiétaient de ne pas voir rentrer leur bambin, c’était bien la première fois). Le silence se fit de nouveau alors que les petits morceaux de plastique tombait par terre. Théo n’osa pas broncher devant une telle démonstration de force, il prit un air désolé auquel son aîné répondit d’un air sévère.
- Tu n’auras plus besoin de ça désormais. Et maintenant laisse moi faire.
Duncan avança jusqu’au centre de la clairière, les bras écartés, il poussa un long hurlement à glacer le sang. Il semblait invoquer quelqu’un ou quelque chose dans une langue incompréhensible pour un non-initié. Son chant semblait repris par chaque être vivant de la forêt, quand soudain une immense lune rousse jaillit au-delà de la cime des arbres. Cette immense boule était apparue dans le ciel noir et éclairait à présent la clairière d’une lumière tamisée. Théo n’en croyait pas ses yeux c’était comme s’ils avaient appelé la lune. « Ils », c’était Duncan et les ombres qui l’avaient rejoint. Un nombre indéterminé de formes sombres s’était regroupé, ils avaient quitté leur cachette végétale pour entourer Duncan et accompagner sa prière. Le chant prit fin, laissant place à toute une série de grognements, de claquements de mâchoires. Tout semblait établi selon un rituel bien précis.
Théo mis un peu de temps avant de comprendre, il murmura à voix basse :
- D’autres loups-garous, ils sont au moins une trentaine…
Au milieu de cette foule, Duncan leva la tête et tendit son bras en direction de Théo. Les autres garous se tournèrent également vers lui.
- Viens !
Le garçon obéit, il avança d’un pas peu assuré, un peu anxieux mais poussé par le désir de l’inconnu. Il rejoint à son tour le groupe d’hommes bêtes qui se massèrent autour de lui. Certains avaient forme humaine mais la plupart arboraient leurs traits lupins. Théo avait d’abord du mal à différencier ces êtres les uns des autres. Mais il remarqua que tous étaient différents, différence de tailles, de pelages. Il parvint même à distinguer des émotions sur ses visages d’animaux pourtant peu expressifs. Ils n’avaient pas l’air agressifs et le jeune garçon commençait presque à se sentir à l’aise quand un garou s’approcha. Les autres s’écartèrent sur son passage. C’était une femelle, elle portait toute sorte de colliers et bracelets ornés d’ossements. Elle se posta devant Théo et le renifla de la tête aux pieds.
- Alors c’est toi, c’est toi que la nouvelle recrue que nous a trouvé Duncan. Hum… ce n’est peut être finalement pas un mauvais choix… Voyons un peu ce que tu as dans les tripes…
Sans prévenir d’avantage elle enfonça la pointe de ses griffes dans le ventre du garçon qui ne put s’empêcher de pousser un cri. La vieille femme ne le lâchait pas et continua de le fixer dans les yeux. Sa poigne était plus qu’étonnante comparée à son faible gabarit.
- Là, ça fait mal n’est-ce pas ?
Théo ne répondit rien, il avait mal en effet. Il ne savait s’il devait tenter de se dégager, répliquer ou bien subir la douleur en silence. Finalement son instinct de survie primaire prit le dessus. Il repoussa violemment son agresseur qui tomba à la renverse. A sa grande surprise, les autres garous ne réagirent pas.
- Bien ! tu le sens en toi qui veut sortir ? Allez laisse le s’exprimer !
Théo sentait la pression sur ses tempes, son rythme cardiaque qui s’accélérait, son sang qui bouillonnait. La morsure de Duncan saignait de nouveau, elle le brûlait, tous ses muscles se tendaient plus se relâchaient. Théo était prit de convulsion, la seule chose qu’il distinguait c’était cette énorme lune dont il n’arrivait à détacher son regard. Elle semblait lui sourire, lui parler mais Théo n’entendait rien, son corps n’était qu’une intense douleur. Il poussa un hurlement qui fit vibrer ces os quand il sentit sa mâchoire se disloquer. Une énergie formidable se dégageait de ce nouveau garou qui hurlait face à cette lune qui l’avait vu naître. La bête s’effondra sur le sol de feuilles mortes, exténué. Quatre garous le prirent et l’emmenèrent. Un nouveau garou était né.

« …les Garous ont alors acquis le mode de vie qui est encore le leur aujourd’hui. Ils vivent pour l’essentiel en marge des communautés humaines, dans des zones où l’influence de l’homme est réduite. Ils protègent leurs territoires, leurs lieux sacrés et leur "petits frères" les loups. Cette situation, somme toute assez idyllique, aurait pu durer longtemps sans la présence du Tisserand et du Ver. Le Tisserand cherche à couvrir la Terre des ses créations, pour faire disparaître tout aspect naturel incontrôlable. Ses meilleurs alliés sont les hommes et leurs villes, ainsi que dans l’ombre l’essentiel des vampires et des mages. Le Ver veut au contraire corrompre la Gaïa jusqu’à la destruction, il est la haine, la colère et le désir sans frein. Certains hommes le servent sans en être conscients, mais il s’appuie surtout sur ses serviteurs directs pour progresser. Pendant longtemps, les Garous ont pu tenir en respect les avances du Ver et du Tisserand, mais l’extension des villes puis le développement de l’industrie ont porté un coup fatal au règne de la nature. Depuis lors, les Garous tentent de résister et de protéger Gaïa contre les agressions. Jamais leur combat n’a été aussi héroïque que depuis cent ans, mais jamais il n’a été plus désespéré… »
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MessageSujet: Re: Des Crocs et du Sang   Des Crocs et du Sang EmptyVen 21 Juil - 19:35

Quand Théo rouvrit les yeux, il avait retrouvé forme humaine. Il était couché dans un amas de couverture. Il regarda autour de lui l’endroit était rustique mais confortable. Certainement un bâtiment abandonné. Combien de temps avait-il dormi ? Il faisait encore nuit et à l’odeur, il se trouvait toujours dans la foret.
- A l’odeur ?! Comment je peux, rien qu’à l’odeur, savoir où je suis ?
- Parce que tu n’est plus le même à présent.
La vielle chef et Duncan venaient d’entrer, accompagnés par deux autres lycanthropes, sous l’apparence de deux loups imposants. Le vieil homme s’assit à côté de Théo, souriant.
- Tes sens ont évolués, ajouta Duncan, et plus le temps passera plus tu sauras en tirer partie.
- Tu nous as fait une belle transformation hier soir, c’était pas mal pour une première.
- Hier soir ? j’ai dormi longtemps ?
- Près de vingt-quatre heures. Mais ne t’inquiètes pas c’est normal.
La vieille femme aux traits ridés mais qui reflétait une bonté qui semblait presque infinie, posa sa main sur l’avant bras de Théo et prit un air plus sérieux.
- Bon maintenant il faut que l’on t’explique quelques petites choses. Je suppose que tu as un tas de questions à poser. Nous allons tenter d’y répondre. Mais avant tout, qui es-tu ?
- Et bien je m’appelle Théodore Croward et…
Elle l’interrompit en plaçant son index sur les lèvres du garçon.
- Tss tss, tu n’es plus Théodore. Nous nous chargerons de te trouver un nouveau nom tout à l’heure car comme nous te l’avons dit tu es une nouvelle personne. Ensuite tu es un garou, et tu appartiens à la tribu des Rongeurs d’Os puisque…
Le garçon surexcité par ces révélations ne put s’empêcher de lui couper la parole.
- Et je vais pouvoir me transformer en loup moi aussi ?
- Gaïa nous a donner le pouvoir de la lycanthropie pour la protéger. Au début tu ne contrôleras pas tes changements d’états. Tu seras dépendant de Phoebe, la lune, mais plus tard tu apprendras à maîtriser ton corps.
Duncan se leva et expliqua :
- Ensuite il y a quelques règles simples à observer. La première est ce que l’on appelle le Voile. Notre existence est secrète, il existe des garous partout de part le monde, mais en aucun cas nous de pouvons révéler notre nature aux humains.
Théo acquiesa d’un signe de la tête. D’autres informations ne tardèrent pas.
- Bien, ensuite tes faiblesses : comme tout garou tu es plus fort et rapide qu’un simple humain, tu disposes également d’un pouvoir de régénération qui te permet de guérir rapidement et aussi t’assure une vie bien plus longue. Mais attention toutefois l’argent bloquera tes capacités. Il t’affaiblira, t’empêchera de te transformer, de te soigner et à forte dose peut même te tuer.
- Nous ne sommes pas immortels, pas comme les vampires.
S’en était trop, d’abords des loups-garous, des vampires maintenant. Bientôt se serait sûrement le tour des momies ou du monstre de Frankenstein. Théo arbora une moue sceptique mais personne ne sembla y prêter attention. Il avait surtout envie de se dégourdir les jambes.
- Je peux me lever ?
Duncan sourit, amusé.
- Bien sûr, si tu en as la force. Tu n’es pas malade tu sais, tu risques même de ne plus jamais l’être.
Théo poussa donc les couvertures et s’extirpa de son lit. Il se sentait parfaitement bien malgré sa face terreuse et ses habits déchirés. Il sortit de la chambre pour découvrir toute une population de lycanthropes au travail. Il devait y avoir au bas mot une quarantaine d’individus qui semblaient vivre là une existence tout à fait paisible. Certains discutaient, d’autre étaient occupés à se battre, d’autres entretenaient les quelques bâtiments. Bref un vrai petit village en plein milieu d’un bois à quelques centaines de mètres à peine d’une des plus grande agglomération européenne. Mais c’était encore la chose la moins étonnante à laquelle se trouverait confronté Théo. Duncan était sorti à son tour et avait posé sa main sur l’épaule du jeune louveteau.
- Voici notre Caern, c’est à la fois un lieu de réunion et un refuge spirituel. Presque personne ne vit ici. Nous sommes éparpillés à la fois dans les bois, la ville et la banlieue. Peu d’entre eux supportent le milieu urbains et n’ont guère plus de relation le monde des humains. Mais nous autres Rongent-les-Os, nous accommodons de la vie dans les rues, et tu pourras même retourner chez toi si tu le désires.
- Rongent-les-Os ? De quoi est-ce que tu parles ?
- Tous les garous ne sont pas identiques, il existe différentes tribus qui sont actuellement au nombre de douze. Chacune a ses habitudes et ses petite spécialités. Par exemple, les Crocs d’Argent sont des aristocrates, les Furies Noires de farouches guerrières, les Uktena des shamans hors-pair…
- Et les Rongent les os ? On est quoi nous ?
Duncan se gratta l’arrière du crâne, l’air un peu gêné mais éclata finalement de rire.
- Nous sommes les plus puissants de tous, nous sommes ceux qui survivent à tout et qui attaquons sans pitié dans l’ombre. Beaucoup nous méprisent pour notre manque de raffinement, pour beaucoup nous sommes des bâtards, des chiens errants mais quand l’Apocalypse viendra seuls les Rongeurs d’Os seront encore là !
Il était vrai que parmi les quelques garou que Théo avait pu apercevoir, Duncan n’était pas vraiment le plus majestueux, ni le plus élégant. Et sur ce plan là, le garçon regrettait déjà un peu d’appartenir à ceux qui passaient pour des minables, mais un autre point taraudait son esprit.
- L’Apocalypse ?
- Oui petit, une des raisons pour laquelle nous combattons tous. Mais avant de te battre, vient par-là. Il te faut un nom.
Il entraîna Théodore à l’intérieur de la cabane.

- Quoi ?! Vous voulez me refiler le nom d’un ancien vampire ?! Je croyais que c’était vos ennemis. Et puis d’abord, j’ai toujours appris que Seth était un dieu égyptien et pas une espèce de chauve souris humanoïde aux dents longues !
Dans la cabane de la shaman du Caern, le jeune homme avait presque reculé, retirant brusquement sa main des griffes de la vieille Uktena qui l’auscultait.
- Comme un certain nombre de divinités de l’ancien temps, Seth était un être surnaturel qui fût vénéré par les humains jusqu’à recevoir le statut de dieu. Seth était un taciturne, un traître, un vicieux. J’ai vu en toi les marques de son influence…
Duncan avait l’air également sceptique :
- Pardonnez-moi Grand-Mère mais je trouve peu avisé de lui remettre le nom d’une antique sangsue, quand bien même la ressemblance de caractère serait flagrante.
La shaman se racla la gorge, ses yeux étaient révulsés et on n’en voyait que le blanc. Elle semblait prise dans une sorte de transe divinatoire.
- Tu nous prêteras ta force… Tu nous offriras ton courage… Mais tu nous trahiras… Tu feras le mal autour de toi… Tu apporteras aussi du bonheur… Tu souffriras… Tu répareras ta faute… Et au final il se pourrait bien que tu nous sauve tous… Tu fauteras mais tu nous vengeras. Sois donc à la fois celui qui blesse et celui qui soigne , sois Seth, sois Horus, sois… Sethrus !
Ni Duncan ni le désormais nommé Sethrus n’en crurent leurs oreilles, la vieille venait de réciter tout le déroulement de la vie futur du jeune homme. Fallait-il la croire ou ignorer ces superstitions ? Les deux spectateurs étaient tous deux d’un naturel incrédule, mais Duncan connaissant celle que tous appelaient « Grand-Mère » et savait qu’il pouvait se fier à ses prédictions. Il tira le jeune Sethrus par la manche hors de la cabane.
- Laissons la un instant, elle a besoin de se reposer. Attend un peu avant de l’assaillir de questions, et si ça se trouve je pourrai répondre à certaines… Sethrus.
Le jeune homme se laissa faire, trop perplexe pour opposer la moindre résistance. Ce qu’il venait d’entendre le terrifiait, il avait du mal à y croire mais quelque chose lui disait qu’il se devait de croire cette veille théurge, qu’elle ne pouvait pas se tromper. Il s’était trop bien reconnu dans ses paroles, comme si la vieille n’avait fait que soulever un rideau déjà à moitié tiré. Duncan lui se voulait rassurant :
- Sethrus… Sethrus, « le traître-vengeur » c’est pas si mal. C’est d’ailleurs pas dénué d’une certaine classe. Tu trouves pas ?
- Je sais pas, c’est plutôt les raisons de ce nom qui me tracassent…
- Allons t’en fait pas gamin, je suppose que c’est juste une vision romanesque et métaphorique. Le principal c’est que tu vives bien dans le présent, pense pas trop au futur ou ton présent te passera sous le nez. Et surtout te tracasses pas pour l’histoire du « sauveur de la Nation Garou ». Elle dit ça à tous les louveteaux, c’est juste sensé te motiver.
Oui, tu as raison… Sethrus… c’est pas trop mal comme nom…
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MessageSujet: Re: Des Crocs et du Sang   Des Crocs et du Sang EmptyVen 21 Juil - 19:36

Un éclair, pourtant il n’y avait pas d’orage. Un second flash lumineux suivit d’un cri strident. Sans en être tout à fait conscient le jeune lycanthrope écoutait se qui se passait à quelques centaines de mètres. Les autres occupants du Caern également, eux comprirent rapidement : c’était une attaque. Il rugirent. Sethrus n’eut pas le temps de tourner une tête pleine d’interrogation vers Duncan que ce dernier avait déjà adopté sa forme combattante. Celle du prédateur ultime, le tueur brutal à l’élégance sauvage : le Crinos. Il prit son élan et se précipita dans les profondeur de la forêt accompagné d’autre guerriers. Les rugissements et les bruits de lutte se firent alors plus présents, une odeur âcre de brûlé vint titiller les narines du jeune loup qui ne savait comment réagir face à une situation à laquelle il ne comprenait pas grand chose. Son instinct nouvellement éveillé lui dictait seulement qu’il était en danger. L’agressivité envahissait l’atmosphère et alourdissait l’air, c’est à un combat en ombre chinoise auquel assista rapidement Sethrus, impuissant. Les flammes entourèrent rapidement la demeure des garous, les silhouettes menaçante se rencontraient, certaines flanchaient puis s’écroulaient pour parfois de relever. Sethrus pouvait entendre le tintement du métal, quelques coups de feu, les craquement du bois, des os, les cris, la vie qui fuyait cette terre de violence. Les assaillants semblaient prendre le dessus. Etait-ce déjà l’Apocalypse prédite par Duncan ?Le sang sauvage de Sethrus s’insurgea, la bête en lui voulait défendre les siens, ses pupilles se dilatèrent, sa mâchoire se crispèrent. Ca faisait mal, la bête voulait sortir, elle voulait du sang, protéger le Caern à coups de griffes. Le louveteau sait pourtant qu’il a peut de chance de s’en sortir s’il se jette ainsi dans la mêlée, il hésite.
La guerre ne laisse pourtant pas de temps à la réflexion, un garou énorme, couvert de sang s’écroula alors aux pieds de Sethrus horrifié, face à lui un homme au visage masqué, son long sabre encore fumant des vies qu’il vient d’arracher. Avec une agilité déconcertante ce dernier défia les lois de la gravité pour se retrouver dans le dos de sa jeune victime, il découvrit alors une mâchoire inhumaine prête à croquer le coup de Sethrus après lui avoir planté sa lame dans les flancs. Le jeune garou hurla de douleur. C’est avec la vivacité du réflexe et de la frayeur que Sethrus parvint à s’en dégager du revers d’une main qui venait de se prolonger de longues griffes acérés. Il ne se retourna même pas pour voir ce qu’il est advenu de son adversaire, Sethrus n’a plus qu’une envie : allez loin, fuir ce cauchemar à l’horreur trop réelle. Duncan disparu, Sethrus ne connaît plus personne. Alors il court, le plus vite possible, sans se retourner, en essayant d’éviter les dangers, en essayant de ne pas regarder la mort tout autour de lui.
La forêt lui semblait familière, il avait l’impression d’anticiper chaque branche, chaque trou dans le sol, chaque souche. Le jeune Sethrus ne le sait pas encore mais il vient de tuer un vampire, le premier d’une longue liste.

L’odeur de fumé se fit moins forte, les bruits semblaient plus lointains. Le combat étaient-il achevé ? Sethrus n’avait aucune envie d’aller le vérifier. Essoufflé, il s’accorda une pose au creux des larges racines d’un vieux chêne. Sa respiration haletante rompait le calme ambiant de cette forêt en pleine nuit. Jusqu’où avait-il couru ? dans quelle direction ? Il n’en savait rien. Le garou en profita pour inspecter la blessure que lui avait infligé l’étrange homme masqué, c’est alors qu’il réalisa. Tout son corps était recouvert d’un fin pelage brun foncé, il ne s’en était même pas rendu compte mais il avait couru sous les traits d’un véritable loup-garou. Il tâta son visage, celui-ci se prolongeait d’un museau et même une truffe humide au bout. La blessure au ventre avait disparue. Sethrus était assommé, tout c’était passé si vite. Il n’avait aucune idée de l’endroit où aller. Retourner au Caern ? Hors de question ! Celui qui avait peur de passer pour un fuyard auprès des garous était terrorisé rien qu’à l’idée se retomber sur les meurtriers masqués, et surtout le Caern était certainement détruit. Rentrer chez lui ? Pas dans cet état !
- Ah Ebène si tu me voyais…
Sethrus était perdu et exténué, il ne put réfléchir davantage et sombra dans un sommeil salvateur dans un bref soupir. Cette nuit le louveteau fit des rêves que de simples mots ne peuvent pour l’instant pas expliquer.

La lueur du petit matin réveilla le jeune homme. En ouvrant les yeux il constata agréablement que personne ne l’avait découvert durant son sommeil et surtout qu’il avait retrouvé un aspect humain. Le pantalon qu’il portait avait craqué à plusieurs endroits mais il était tout de même plus présentable ainsi s’il désirait retourner en ville. Car telle était sa décision : rentrer chez lui et oublier toute cette histoire qui à présent ne lui semblait – à quelques détails près – qu’un mauvais rêve. Théo osait le dire, il avait peur, rien que de penser à ce qu’il avait vécu l’horrifiait. Selon lui mieux valait tout oublier.
Il se mit donc en route dans la direction qui lui semblait être celle de la ville. Il pouvait sentir et suivait les effluves des pots d’échappement et des cheminés des usines. Il marcha ainsi pendant une petite heure, en se concentrant pour ne pas réfléchir à quoi demain ressemblerait et sur ce qu’il allait bien pouvoir raconter à ses parents pour justifier une absence de deux jours et des vêtements en lambeaux. Il atteignit l’avenue qui séparait les bois des premiers quartier résidentiels des riches banlieues. Plus que quelques centaines de mètres et Théodore serait chez lui. Il ne préféra pas emprunter les transports en commun de peur qu’on le prenne pour un clochard errant, de toute façon il n’avait pas un sou. Le jeune homme un peu hagard marcha donc, il était encore tôt et ne croisa que quelques personnes qui n’osèrent sans doute pas lui adresser la parole et auxquelles Théo n’accorda même pas un regard. Etrangement depuis sa transformation, il éprouvait une sorte de répulsion pour tout ce qui était humain, encore plus qu’avant.
Arrivé à auteur de son immeuble, il respira un grand coup avant de vouloir pousser la porte qui opposait une résistance inattendue. Théo mit un léger instant afin de réaliser qu’il avait également perdu ses clefs.
- Merde… va falloir sonner.
Planté devant l’interphone, les yeux dans le vague il tentait de se remémorer son nom puis finit par presser un des multiples boutons de l’appareil. Pas de réaction, il sonna une seconde fois, puis une troisième, il n’y avait visiblement personne. Tant pis, Théo sortit du hall du petit immeuble bourgeois, le épaules avachies, le teint crasseux, les cheveux en désordre, il s’apprêtait à passer la journée dehors. Il avait l’impression que les épisodes de ces dernières heures avaient réduits son cerveau à l’état de pâtée pour chien, c’était pire que de rentrer encore à moitié saoul d’une soirée arrosée. Dès qu’il s’efforçait de réfléchir Théo revoyait les images de la nuit, les crocs, le sang, le feu. Autant ne penser à rien. Mais une idée lui vint à l’esprit alors qu’il s’éloignait, il jeta un coup d’œil une des fenêtres de son appartement, une fenêtre paraissait entrouverte. De plus celle-ci ne se trouvait qu’au premier étage. Théo regarda ses ongles terreux, ces mêmes ongles qui avaient la veille éliminé un effrayant adversaire. Un sourire vicieux s’afficha sur le visage du jeune lycanthrope.
Une minute plus tard Théo était chez lui, personne n’avait l’air de l’avoir vu escalader la façade et il n’en revenait pas de ce qui lui paraissait être un exploit. Comme il s’en doutait, l’appartement était désert, pas de trace de ses parents, tout était en ordre cependant. Le garçon s’en réjouit, à leur retour il lui serait facile de justifier son absence en prétendant une soirée chez un ami et qu’il n’avait pu prévenir personne par ce qu’on lui avait volé son portable (ce qui n’était pas complètement faux d’ailleurs). Au pire on le réprimanderait, mais ça valait mieux que tout. Théo s’empressa ensuite de prendre une douche, de se changer et de jeter son baggy en lambeaux aux ordures. Ses parents finirent par rentrer, inquiets et à la recherche de leur fils, ils avaient passé la nuit au commissariat. Théo fut un peu surpris de tant d’attention de leur part. Lui qui s’imaginait depuis longtemps n’être un poids pour eux, se rendit compte a quel point il comptaient pour ces derniers et réciproquement.
- Tu nous a fait si peur mon chéri, tu vas bien au moins ?
- Mais laisse-le respirer enfin tu vois bien qu’il va bien. Dis-donc toi tu peux m’expliquer pourquoi on ne t’as pas vu depuis vendredi ?
Le père ne se montrait pas aussi coulant que maman, il semblait désirer une explication claire que Théodore combla avec l’excuse prévue. Après quelques reproches la situation était à présent tout à fait calme et la famille prête à reprendre le train-train quotidien.
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MessageSujet: Re: Des Crocs et du Sang   Des Crocs et du Sang EmptyVen 21 Juil - 19:37

Durant la semaine qui suivit tout paraissait se passer pour le mieux chez Théodore. Il sentait en lui une sorte d’appétit pour la vie. La météo se montrait clémente et parallèlement le climat familiale était au beau fixe. Encore traumatisé par la – courte – disparition de son fils, la mère de Théo se montrait charmante avec lui. Plus d’engueulades, les cours avaient soudainement l’air plus intéressants, la disparition Ebène était presque oubliée. Car qu’il le veuille ou non Théodore – ou plutôt Sethrus – était un garou, et comme tout garou il savait que les morts humains comme animaux retournent à Gaïa après avoir vécu. Théodore avait essayé d’oublier ce qui s’était passé dans cette forêt, mais ses cauchemars ne le lâchaient pas. Jusqu’à la nuit il se transforma et saccagea sa chambre avant de sortir en éclatant la fenêtre (il avait fallu expliquer à papa et à maman que des cambrioleurs étaient entrés et que Théo les avait repoussé). D’abord terrifié à l’idée de ces transformations monstrueuses, Théo n’eut d’autre choix que de les accepter et d’apprendre à les maîtriser afin d’éviter le pire. Parfois poussé par l’appel du Sauvage il se retrouvait la nuit sur des toits d’immeubles. Bien sûr il ne confia son secret à personne ; de peur d’être enfermé et étudié comme un spécimen de laboratoire. Même s’il n’appréciait pas forcément la bête en lui, il n’était pas assez fou pour la livrer à un savant fou. En fait ce que Théo craignait par dessus tout c’était de retomber sur les horribles créatures qui avaient ravagés le Caern et s’imaginait qu’un restant un humain anonyme, elles ne risquaient pas de lui tomber dessus. Il ne se risqua pas non plus à traîner du côté du centre sportif de peur de croiser Duncan. Au bout d’une dizaine de jours il était parvenu à empêcher la métamorphose quand elle le démangeait.
Ainsi le jeune homme embrassait une nouvelle vie sociale mais Théodore semblait ignorer qu’il n’y a rien de plus féroce qu’une bête sauvage enfermée qui cherche a s’échapper.

- Alors cet fête chez Marissa, c’est oui ou c’est non ? Allez s’il te plait !
- Qu’est-ce que tu crois, bien sûr que j’y vais.
- Merci t’es génial ! je t’adore !
- Par contre je veux pas te voir dans les parages…
- Quoi ? tu déconnes là Théo ?
Théodore prit ses jambes à son coup en rigolant poursuit par un Benoît qui ne savait trop sur quel pied danser. La sonnerie signa la fin de la pause et Théo ne put continuer à titiller son camarade plus longtemps, il lui fallait se rendre en cours d’histoire. Le professeur, une quinquagénaire plutôt sympathique rendait justement les copies du dernier devoir « L’expansion soviétique de 1953 à 1980 ». Théodore pensait avoir correctement réussi sa dissertation sur un sujet qu’il maîtrisait. Quelle ne fut pas surprise de découvrir une note bien inférieure à ses espérances commentée d’un « De sérieuses lacunes malgré un désir visible de coller au sujet. »
- La pute !
Théodore voyait rouge, sans crier gare les muscles de ses bras se crispèrent et il sentit ses griffes et crocs s’allonger. Ses transformations se faisaient de plus en plus pressantes et fréquentes. Il avait du mal à les contenir. Pris de panique Théodore se rua hors de la classe avant que personne ne remarque les longs poils qui commençaient à lui pousser sur les bras. Il se rendit dans des toilettes en priant pour que personne n’y soit, c’était le cas. Théo inspira profondément et se calma progressivement. Il avait remarqué qu’à présent une simple frustration suffisait à faire sortir la bête qui en avait assez de ne pas pouvoir s’exprimer. Une fois son aspect humain totalement atteint, Théo but au robinet et se passa un peu d’eau sur le visage. Il se regarda dans la glace. Qu’allait il faire le jour où il ne pourrait s’empêcher de se transformer ?
- C’est une histoire de fous. Si seulement Duncan était encore là pour me conseiller.
- En effet se serait plus pratique. Mais je n’ai que moi.
- Moi tu veux dire.
Théo s’arrêta un instant, réalisant ce qu’il faisait. Il discutait avec son reflet.
- Nom de… je deviens complètement schizo…
- N’exagère rien, ça arrive à plein de gens de parler tout seul.
- T’es qui d’abord ?
- Drôle de question venant de moi, je suis moi qui d’autre pourrai-je être ?
- Ton nom !
Théo n’en revenait pas il s’énervait tout seul devant une glace dans des WC pourris. Il jeta un œil à droite à gauche afin de vérifier si personne ne l’espionnait.
- Parano en plus ? Et bien si tu es Seth je suis incontestablement Horus.
- Ou l’inverse…
- Tu te brides.
- Quoi ?
- Je dis que tu veux renier ton sang mais il est plus fort que toi, ta tête veux dire non mais ton corps a déjà dit oui. Tu t’infliges des souffrances inutiles, regarde-toi, regarde autour de toi, vois ceux qui t’entourent. Tu voudrais leur ressembler ? Tu pourrais être un dieu et tu voudrais être un insecte ? Ne sois pas ridicule.

[à suivre...^^]
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