Maeve looking for auntie II

Le métro de Paris était, aux yeux de Maeve, toujours aussi sale, puant et envahis de gens qui font la gueule qu'il l'avait toujours été. Peut-être lui semblait-il plus gris ou plus exécrable que d'habitude depuis la mort de sa tante...

Rapidement et sans problèmes (clochards, voleurs...) la Fiann se retrouva debout - évidemment - dans un wagon de métro en route pour sa destination. Tout était bien monotone...

A mi-chemin, quelque chose fit se dresser les poils de la Garou, elle ne saivait pas quoi mais c'était proche... ça ne sentait pas le Ver, heureusement. Une voix de petite fille se fit entendre dans le véhicule.

" Atteeention au dépaaart ! "

Une seconde plus tard, entre les passagers surpris, se faufila une... chose... de la carrure d'une fillette, comme la voix le laissait supposer, vêtue d'une longue robe rouge sang. "Chose" car la créature combinait les traits d'un animal, le chinchila, et de l'humain. Maeve aurait qualifié le "truc" de Crinos-Chinchila, en fait, mais ce n'était pas impressionnant du tout. La bestiole portait une casquette trop grande, d'un bleu délavé, et agitait une agrafeuse dans sa main droite. Elle s'arrêta et fixa la Fiann... les occupants du wagon, après une brève surprise, s'en retournèrent à leurs occupations sans se soucier de ce petit être.

Maeve n’avait jamais aimé le métro, mais bon, elle ferait flèche de tout bois. Tout en grimaçant à cause de la mauvaise odeur, de la crasse et de la faune locale, elle se faufila entre les divers usagers et finit par trouver une place debout au fond d’un wagon, collée entre des gens qui l’insupportaient de plus en plus.

Puis une drôle de sensation commença à lui picoter l’échine, comme si quelque chose… arrivait. Et cette espèce de gamine bizarre, si on pouvait appeler ça une gamine… La fiann renifla en fixant la créature en face d’elle. Elle pouvait sentir une longue goutte de sueur dégouliner le long de sa tempe. Mais qu’est-ce que c’était encore que ce truc ?

« Heu… Bonjour ? » Essaya-t-elle en tentant un sourire timide. Et elle s’en foutait de ce que les gens autour allaient penser. La… chose… lui disait vaguement quelque chose, mais elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Un truc qu’on lui avait montré, ou raconté…

La créature sembla hésiter un moment avant de mettre son manège en pause pour te regarder sous toutes les coutures et te parler de sa voie gaie.

" Bonjouuur ! Tu vas bien ? Tu n'as pas l'air ! Je le sens dans ta voix ! C'est ce que je fais qui t'inquiète ? C'est bizarre parce que d'habitude, les gens ne me disent rien qui ressemble à "bonjour", c'est très, très souvent le silence complet ! Des fois je suis même chassée, ils me disent "Allez, ouste ! Sale gosse !". Bon, c'est vrai que je suis une gamine mais, franchement, ils pourraient me laisser tranquille, non ? Je parie que tu penses comme moi ! Je ne fais rien de mal après tout, je joue, je fais comme si j'étais... ben, là par exemple, je fais comme si j'étais dans une gare et que j'étais la personne qui dit au train de démarrer... je ne reviens vraiment plus sur le nom... enfin, parfois, ils veulent me ramener "chez moi" ou certains me donnent des bonbons ou me demandent où j'habite, quel âge j'ai, qu'est-ce je fais toute seule ici... C'est toujours le même genre de questions ! C'est un peu ennuyant, à force, surtout que c'est très banal... maiiis... tu n'as pas l'air aussi banale que les autres, toi, je me trompe ? Déjà, regarde tes cheveux ! Je suis jalouse, je voudrais avoir la même couleur ! J'adore tout ce qui ressemble à du rouge ! "

La petite ne s'arrête pas de parler en faisant bouceaup de gestes profondément inutiles. Tu notes que sa chevelure est longue et, comme son pelage, gris foncé...

* Oh. Noes. * Songea Maeve en observant, effarée, le débit de parole de la créature. Il n’y avait que deux types d’être capable de parler comme ça : une gamine de huit ans sous LSD et un fae.
Oh, noes. Mais qu’est-ce qu’un fafardet foutait en pleine rame du métro ? Si les souvenirs « d’histoire avant de s’endormir » de la rouquine était bon, ils n’étaient pas censés vivre dans un autre monde bien mieux et bien plus onirique ? Ah, et il fallait se méfier d’eux, aussi. Surtout de leur or. Qui disparaissaient au bout de quelques heures. Quel fiann n’avait pas un jour eu la malchance de voir qu’il avait échangé sa meilleur lance contre un paquet de feuilles mortes ? Toujours se méfier du Petit Peuple. Ou un truc comme ça.
Maeve avait toujours préféré les histoires de dragons, d’abord.

« Heu… heu… »

Et en plus elle changeait de sujet toutes les vingt secondes…

« Heu… la couleur, c’est naturel, j’y peux rien et heu… non je suis pas banale et toi non plus et heu… oui les adultes sont bêtes, heu… je cherche ma tatie, en fait. Une grande dame avec des cheveux très courts, très roux et qui passe son temps à gueuler. Elle pue l’alcool. Heu. Mais en fait, heu, elle est morte. Bref je cherche son corps. Tu pourrais m’aider ? »

Une petite partie de son esprit indiqua à Brise-de-Feu qu’elle déraillait complètement, mais elle la fit taire d’un remettage de mêche rebelle vif et bien placé.

« Heu… Comment tu t’appelles ? »

La gosse écoutait la louve-garou avec attention, coupant son robinet à baratin. Juste pour un temps, peut-être ? L'envie se lisait dans son regard dès que les mots "cheveux" et "roux" étaient prononcés et son regard était presque malsain lorsqu'il suivit la mèche que Maeve remettait en place.

La petite mit ses mains dans son dos.

" Huuum... je pourrais t'aider, oui... maiiis... j'aimerais bien avoir un truc en échange du service que je pourrais te rendre... hé, attends, j'ai dis que je pouvais t'aider ? Non, en fait, je pourrais PEUT-ETRE t'aider, ça dépends de ce que tu voudrais, en fait... tu sais où est ta tante ? Là, je peux t'y emmener... mais autre chose, je ne pense pas... il faut voir, il faut voir... mais qu'importe ! Si je venais à t'aider, tu me donnerais kwâââ en échange ? "

Maeve soupira intérieurement. Elle n’avait jamais été très douée en négociation, mais si Gaïa avait placé cette petite chose sur sa route, c’était pour qu’elle en tire avantage, pas pour qu’elle se fasse rouler dans la farine.

La garou posa un doigt sur sa lèvre inférieure, l’air mutin et songeur.

« Mmh… Je sais pas, vraiment. Si tu m’aides – si tu m’aides VRAIMENT – alors peut-être que… oui, peut-être que je pourrais, si tu es vraiment gentille avec moi, peut-être que je pourrais te donner quelques uns de mes cheveux. Peut-être. Si je trouve une paire de ciseaux convenablement nettoyée. » Minauda-t-elle en tortillant une mèche des fameux cheveux avec ses doigts.
« Et puis tu m’as toujours pas dis ton nom, et je ne donne pas mes cheveux aux gens que je ne connais pas ! »

La Fae prit un air volontairement faussement innocent et se mit à se dandiner sur place. Ton attitude avait l'air de capter son attention.

" Mais si j'ai vraiment - VRAIMENT - un peu de tes cheveux, je t'aiderais VRAIMENT ! Enfin, tu es suspicieuse comme ça alors qu'on vient de se rencontrer ? C'est très triste je trouve mais je peux comprendre que tu sois de mauvaise humeur si ta tante est morte et que tu ne sais pas où sont ses restes... ça fait longtemps qu'elle est morte ? Toutes mes condoléances en tout cas... Oh ! Et moi, mon nom c'est Marie-Pierre... et si je peux avoir deux ou trois mèches de tes cheveux, je peux t'amener là où est ta tante très vite ! Si j'ai des indications un rien plus précises parce que là, c'est vraiment très vague ! Et je ne pourrais pas promettre grand-chose... Hééé ! Mais c'est quoi ton nom à toi, au juste, hein ? "

Maeve trouvait qu’elle ne s’en sortait pas mal. Elle songea que Credna aurait soulevé la petite… Marie-Pierre… par le cou et l’aurait secouée jusqu’à ce qu’elle les téléporte, au bord de l’agonie. Mais Brise-de-feu réprouvait ces méthodes un rien barbare : on obtenait les choses beaucoup plus vite avec un brin de séduction… Quoique l’idée de sa tante entrain de faire mumuse avec une sucette devant des mâles au nez ensanglanté lui paraissait franchement surréaliste. Tout comme cette rencontre avec une… « fée »… certes. Mais bon, elle pensait qu’en voyant l’arhoun arriver, les mâles en question se serait carapaté vite fait bien fait.

« Elle est sûrement-là. » Dit-elle en lui donnant l’adresse vers laquelle elle se dirigeait.
« Et mon nom, c’est Maeve. » Ne donne jamais ton vrai nom à une fée, disaient les histoires. Alors pourquoi avait-elle donné son nom humain ? C’était ridicule. Comme si son charmant prénom… L’irlandaise secoua la tête. Elle allait avoir une sérieuse discussion avec elle-même lorsque tout cela serait fini.

La fée tourna le morceau de papier où était inscrit l'adresse en tous sens avant d'aller te faire asseoir sur un siège tout au fond du wagon. C'était très bizarre, sachant que toutes les places étaient préalablement occupées...

Marie-Pierre s'assit près de Maeve et posa son agrafeuse à côté d'elle avant de plier la visière de sa casquette pour qu'elle prenne des airs de... d'autre chose. La fae mima ensuite les mouvements et pressements de bouton d'un pilote d'avion tout en parlant...

" Parées au décollage ! "

Elle poursuivit son petit manège encore quelques secondes avant qu'un voile noir ne couvre les yeux de la Garou et que des douleurs au ventre ne la fasse grogner. Un instant après que ces sensations furent passées, le décor avait changé...